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Index Les enfants de la PRINCESS AUGUSTA




DE LA PENNSYLVANIE A L’ILLINOIS, LA FAMILLE NOEL

       On se souvient que, sur la Princess Augusta, il y avait aussi des familles catholiques de Saulxures, dont les NOEL. Voici l’histoire d’un de leurs descendants:

       Adam P. Noël (66) naît le 10 juin 1800 dans le Westmoreland County de Pennsylvanie. Il épouse Susanna Lindsay le 18 mai 1834, et en a quatre enfants (Margaret, John, Joseph et Sara).

       Qui sont ses parents? Ah! Ca, son descendant Dominic Noel (webmestre de cet excellent site: http://www.mcn.org/2/noel/de.htm sur les Noël d’Amérique) aimerait bien le savoir. D’après l’analyse de l’ADN, il descend bien du Joseph Noël de la Princess Augusta, mais les preuves-papier manquent. En voilà encore qui sont allés s’installer dans un endroit improbable, proche des Indiens et loin de l’Etat-civil… Enfin bon, revenons à notre Adam, qui, lui, est documenté.

       Charpentier, il possède en Pennsylvanie une véritable petite entreprise de fabrication de chaises. Ce n’est donc pas un pauvre qui va chercher sa survie sur les rudes terres de l’Ouest. Il serait même assez riche, mais voilà: de la terre à 1,25 dollar l’acre, c’est la promesse de devenir encore plus riche.
les fameux chariots bâchés des westerns; Adam Noel en a	construit; photo prise sur le site de Dominic Noel qui ne sera jamais trop remercié, à cette adresse : http://www.mcn.org/2/noel/de.htm


       Il vend tout, et déménage pour l’Illinois (la ville de Stephenson, aujourd’hui Rock Island) en 1835. Il travaille comme charpentier à la construction de Fort Armstrong, sur Rock Island, un élément important du dispositif militaire. Il redéménage la même année et s’installe à Davenport, Iowa (en fait à deux pas de Fort Armstrong, Illinois, juste de l’autre côté de la rivière), ville qui elle-même venait d’être fondée à l’initiative du Colonel Davenport, qui lui donna son nom. Adam Noel y réussit fort bien, puisqu’il possède une entreprise de fabrication de chariots ainsi qu’une scierie.

       Cependant, le terrain est un champ de bataille. C’est pour chasser les Indiens et annexer le territoire que le gouvernement propose des terres à prix imbattables. Des combats importants eurent lieu en 1831/1832 pour chasser les Indiens des tribus Sauk et Fox, terminés par une victoire américaine et un traité, signé en 1832, par lequel le chef Keokuk "accepte" ( ! ! !) de "vendre" ( ! ! !) ces terres. Dès 1833, on fait appel aux colons pour les peupler, et rendre la "vente" irréversible.

       Les négociations avec les Indiens ont eu pour «interprète» (au sens très large; en fait, il intervient aussi sur le fond des négociations) un métis du nom d’Antoine Le Clare, grand ami de la famille Noel.

       Antoine Le Clare est relativement célèbre pour avoir joué un rôle, contre paiement par les Américains, dans les négociations avec les Indiens, peuple auquel il appartient à moitié. On touche là l’ambiguïté des rôles, et la difficulté de se vouloir un pacificateur dans un pays où les plus forts ne veulent pas la guerre, mais veulent le monde. Ces négociations ne laissèrent à peu près rien aux Indiens, mais comme ils venaient de perdre la guerre, elles auraient pu ne rien leur laisser du tout. Alors, Le Clare est-il le traître qui a bradé les biens des Indiens pour pas grand chose, ou le négociateur qui leur a sauvé ce qui pouvait l’être? Son paiement est-il l’honnête rémunération du travailleur ou les trente deniers de Judas?

       Bien malin qui répondra.En cette terre de violence extrême, soit on a les mains sales, soit on a pas de mains…

       Même après la signature du traité, il y a encore de chaudes alertes. Un jour, en visite chez un de ses fils, Susanna Lindsay-Noel voir arriver un groupe d’Indiens. Elle sonne la cloche pour appeler son mari, dispose le bébé dans un panier, qu’elle suspend dans la cave à légumes sous le plancher et recouvre la trappe d’un tapis. Finalement, il y a plus de peur que de mal. Après une attente angoissante, Antoine Le Clare arrive et la rassure.


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