DEUX COMMUNES EN LORRAINE

RAON LES LEAU
Meurthe et Moselle

RAON SUR PLAINE
Vosges

Ou des résultats malheureux d'une défaite française,
et de 90 ans de laisser-faire...




Il manque à la commune de Raon-lès-Leau, Meurthe et Moselle, environ 1000 hectares de forêt.
Il manque à la commune de Raon-sur-Plaine, Vosges, environ 700 hectares de forêt.
Et lorsque je regarde cette photo de François Bigey,je comprends le manque créé par ces forêts annexées,
par l'Allemagne en 1871,
par l'Alsace et Grandfontaine en 1918...



       Il manque donc, ici particulièrement, 1700 hectares à la Lorraine.
       Parce que Bismarck, chancelier du roi de Prusse, voulant unifier l'Allemagne en vertu d'accords de défense mutuelle entre tous les Länder allemands, à modifié, le 13 juillet 1870, les termes de la fameuse dépêche d'EMS en les rendant injurieux pour le dernier despote français, Napoléon III, dit Badinguet.
       Parce que notre impériale armée de l'époque a pour chefs de tels personnages que Mac Mahon, qui perd dès qu'il dégaine le sabre, Bazaine qui offrira 170 000 hommes, 1700 canons et Metz aux Prussiens, et Napoléon qui se laissera enfermer à Sedan. Sans oublier Bourbaki qui ira se réfugier en Suisse.
       On aura beau chanter encore "la charge de Reichshoffen", en passant, une défaite, il n'en restera pas moins que les vainqueurs dicteront leur loi.

       La Lorraine en restera définitivement modifiée par l'annexion de toutes les régions germanophones, faisant des cantons de Badonviller, Blâmont et Cirey sur Vezouze une nouvelle zone frontière.
       Vous trouverez ci-dessous l'Histoire complète de la perte de leurs forêts par les deux communes du fond de la vallée de Celles sur Plaine, mais ce que je veux dire simplement ici, c'est que la situations pour les deux maires n'a vraiment que trop duré.
  • depuis 1918, Raon-lès-Leau et Raon sur Plaine demandent que leurs soient restituées les forêts annexées à l'Allemagne.
  • depuis 1918, la commune maintenant alsacienne de Grandfontaine fait, en toute mauvaise foi, silence.
  • toute décision relevant du ministère de l'intérieur, celui-ci a certainement beaucoup trop de soucis en région parisienne pour se pencher sur ce cas aux limites du monde étranger.
  • Messieurs les Conseillers Généraux de Badonviller et Raon l'Etapes en bientôt un siècle, n'ont pas fait preuve de beaucoup de zèle pour diffuser le problème! Ni tous les députés de Lunéville et de St Dié qui se sont succédé, il a fallu que je me connecte à Internet pour découvrir le cas.
  • Merci à Mr le Maire de Raon sur Plaine de m'avoir montré, carte à l'appui, l'étendue du problème, mais surtout, honnêtement, de l'avoir ramené au vrai constat: l'énorme manque à gagner en revenus forestiers de ces petits villages spoliés.
  • en blanc, sur l'image MICHELIN ci-dessous, l'étendue du désastre.


Les deux résumés ci-dessous donnent toute les explications
Si vous voulez lire les textes complets,
avec le texte du Traité de Frankfurt,
CLIQUEZ ICI.



Texte mis à ma disposition
par la Société Philomatique Vosgienne de St Dié avec ses références
et mes remerciements à son secrétaire.


Le Traité de Francfort
Commune de Raon-sur-Plaine

       La détermination du rayon autour de Belfort avait donné lieu à des difficultés que l'imprécision de l'article I des préliminaires avaient rendues inévitables. On eut pu s'entendre plus aisément et plus vite à propos d'une autre question territoriale qui avait surgi au cours des premières opérations de délimitation de la nouvelle frontière. Ici en effet, il s'agissait de très peu de chose, du territoire de trois communes vosgiennes que les Allemands voulaient englober dans les territoires annexés et que nos commissaires militaires avaient de bonnes raisons pour réclamer.........
       On se rappelle qu'au courant de la guerre dès novembre 1870 le canton de Schirmeck (Vosges) avait été détaché du Gouvernement général de la Lorraine pour être rattaché à celui de l'Alsace......... Ce canton, bien que faisant partie du département des Vosges comprenait des territoires situés en majeure partie sur le versant alsacien et formant la Haute Vallée de la Bruche. C'est ce qui explique pourquoi l'Allemagne le considérait comme une dépendance de l'Alsace. Mais le canton débordait aussi quelque peu sur le versant occidental des Vosges de l'autre côté du col du Donon dans la vallée de la Plaine, où se trouve sur la rive gauche de cette rivière, la petite commune de Raon-sur-Plaine. En tant qu'unité administrative le canton était donc composé de localités, situées des deux côtés de la ligne faîtière des Vosges, dont le point culminant est ici le Donon. On pouvait s'attendre à voir l'Allemagne réclamer pour elle la portion située sur le versant oriental. Mais il paraissait non moins naturel qu'elle nous laissa la portion occidentale la plus minime d'ailleurs en étendue. De la sorte, la frontière eut été fixée au Donon même, au point de partage des versants alsaciens et lorrains. Le tracé par la ligne de faîte avait été adopté pour la limite orientale du département de la Meurthe. Il aboutissait précisément au Donon. De même en descendant vers le sud, une fois sorti du canton de Schirmeck, la frontière suivait constamment la crête vosgienne jusqu'au Ballon d'Alsace. Il n'y avait donc aucune raison pour abandonner le principe qui avait été admis comme base de la délimitation pour la région au-dessus et pour celle au~dessous du Donon.
       Mais l'État-major allemand en avait décide autrement. Les préliminaires avaient consacre l'œuvre commencée durant la guerre. Le canton de Schirmeck tout entier était compris dans les pays annexes. Le Donon, la ligne de faîte, le col qui passe au pied du sommet, la portion de route qui descend dans la vallée de la Plaine, la Haute Vallée de ce cours d'eau, le territoire de la commune de Raon-sur-Plaine, tout le versant lorrain du canton était destine à suivre le sort du reste.
       ......... La possession du col du Donon paraissait indispensable aux militaires et l'acquisition des forêts domaniales autour de Raon-sur-Plaine était une source de richesses à laquelle il était pénible de renoncer......... La frontière débordait donc la ligne de partage et descendait en aval dans la vallée de la Plaine.
       Ce n'était pas tout encore. Sur la rive droite de la rivière en face de Raon-sur-Plaine, il y avait une petite commune forestière Raon-les-Leau qui, bien que vosgienne par sa situation orographique, était rattachée administrativement à un canton de la Meurthe qui était annexe, le canton de Lorquin. Etait-ce là un titre suffisant pour réclamer cette commune ? L'auteur de la carte jointe aux préliminaires en avait ainsi jugé. Il avait trace son "liseré vert" de façon à englober Raon-les-Leau et son territoire non moins riche en forêts que celui de l'autre Raon......... Et puisque nous voulions garder la Haute Vallée de la Plaine n'avions~nous pas droit à la restitution de Raon-les-Leau qui en fait incontestablement partie?
       .........L'Etat-Major allemand tenait essentiellement à déborder la ligne des crêtes. Il invoquait la nécessite pour l'Allemagne d'avoir à elle la route qui, descendant du col passe entre les deux villages et assure, dit-on, la communication de deux cantons annexés de Schirmeck et de Lorquin. Or. il suffit de jeter les yeux sur une carte détaillée pour s'apercevoir que la vraie communication entre les deux cantons est assurée par les routes dont le noeud est au col du Donon, beaucoup plus haut par conséquent que Raon-les-Leau. La raison invoquée n'était donc qu'un prétexte pour empiéter sur la vallée de la Plaine où se trouve la commune convoitée......... La seule assurance que nos commissaires emportèrent de Francfort, ce fut une promesse verbale de Bismarck que le tracé de la frontière auprès du Donon ne resterait pas tel quel et serait révisé par la Commission de Délimitation.
       En attendant que cet engagement reçut un commencement d'exécution, les autorités allemandes procédaient de façon à bien marquer qu'à leurs yeux cette promesse n'engageait en rien le présent. Le 29 mai 1871, le Kreisdirektor de Sarrebourg faisait savoir au Sous-préfet de Lunéville que jusqu'à nouvel ordre, la commune de Raon-les-Leau devait être considérée comme faisant partie du territoire annexé.........
       En octobre, Pouyer-Quertier ayant été envoyé à Berlin pour y négocier des accords relatifs à l'évacuation partielle du territoire et à nos relations douanières avec l'Alsace-Lorraine, en profita de la circonstance pour liquider la question territoriale. La convention qui fut signée à Berlin le 12 octobre 1871 porte (art. 10) que l'Allemagne rétrocède à la France les communes de Raon-les-Leau et Raon-sur-Plaine à l'exclusion toutefois de toute propriété domaniale, par conséquent à l'exclusion des forêts de l'Etat. ......... La frontière n'était pas reportée là où elle aurait dû l'être, à la ligne des faîtes. Elle descendait plus bas du côté de deux villages restés français, de façon à laisser à l'Allemagne le sommet tout entier du Donon et surtout la plate-forme au col du Donon, située à la côte 737, alors que les deux Raon ne sont qu'à la côte 426 c'est-à-dire 300 mètres plus- bas......... On pouvait, puisqu'on gardait les forêts nous rendre les villages.
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La cession à l'Allemagne des territoires A.L. nécessitait un tracé de la frontière nouvelle fait en commun par des commissaires spéciaux ayant des connaissances techniques. La convention de Berlin du 12 octobre 1871 ne manquait pas, à l'occasion de la rétrocession des communes de Raon et d'Igney, de mentionner à nouveau l'intervention des commissaires délimitateurs. Leur travail a duré fort longtemps. Commencé fin mai 1871 il ne fut complètement terminé qu'après six ans. Un procès-verbal de délimitation du 26 avril 1877 clôture toutes les opérations et règle une foule de questions accessoires. Les notifications en furent échangées à Metz le 31 mai 1877.

Colonel WENGER




Texte explicatif mis aussi à ma disposition
par la Société Philomatique Vosgienne de St Dié


L'annexion par l'Allemagne de Février à Octobre 1871
de deux villages de la vallée de la Plaine

       Le 28 janvier 1871, la France vaincue signait un armistice: ce dernier ne contenait aucune disposition relative aux conditions de paix future.
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       Parmi les cessions territoriales que la France était condamnée à faire figuraient celles des cantons de Schirmeck (Bas-Rhin) et de Lorquin (Meurthe) avec les villages de Raon-sur-Plaine et de Raon-les-Leau, tous deux situés dans la vallée de la Plaine et peuplés respectivement de 664 et 336 habitants.
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       Sous prétexte de faire restituer à l'Alsace le canton de Schirmeck qui lui appartenait géographiquement, les Allemands avaient pris le canton tout entier ce qui les amenait à Raon-sur-Plaine. En traçant la limite sur la carte, ils allaient englober Raon-les-Leau qui n'appartenait nullement au canton de Schirmeck.
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       La paix fut signée sans que nous ayons obtenu que la frontière qui englobait les deux villages situés sur le versant occidental des Vosges (Raon-les-Leau et Raon-sur-Plaine dans le territoire annexé) fût ramenée au sommet du Donon sur la ligne de partage des deux versants alsaciens et lorrains. .........
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       .........les habitants de Raon-les-Leau adressèrent une lettre de protestation au Président du Conseil des Ministres, chef du pouvoir exécutif de la République Française. En voici les principaux passages:

       " Monsieur le Président, les soussignés: maire, adjoint, conseillers municipaux et habitants de la commune de Raon- les-Leau, arrondissement de Sarrebourg (Meurthe) s'adressent à vous pour vous demander protection et justice. Quoique leur commune soit une des plus petites de France, ils n'ignorent pas que votre sollicitude s'étend sur toutes; ils savent que votre patriotisme ne permettra le sacrifice d'aucune parcelle du territoire français en dehors des traités et du vote dA l'Assemblée nationale.
       Les préliminaires de paix que vous avez signés à Versailles déterminent ainsi que suit la ligne frontière dans le département de la Meurthe: la frontière occidentale de l'arrondissement de Château-Salins jusqu'à la commune de Pettoncourt dont elle embrasse les frontières orientales et méridionales pour suivre la crête des montagnes entre la Seille et Moncel jusqu'à la frontière de l'arrondissement de Sarrebourg au sud de Lagarde. La délimitation coïncide ensuite avec la frontière de cet arrondissement jusqu'à la commune de Tanconville dont elle atteint la frontière au nord. De là elle suit la crête des montagnes entre les sources de la Sarre Blanche et de la Vesouze jusqu'à la frontière du canton de 'Schirmeck.
       Toutes les parties cultivées et habitées de notre commune, à l'exception d'une seule maison isolée et d'une scierie forestière (2) sont situées du côté français de la limite ainsi indiquée, puisqu'elles se trouvent fort au-dessous de la ligne de crête qui sépare les eaux de la Sarre et celles de la Vesouze et des autres affluents de la Meurthe. Cette partie française de notre commune comprend en outre de riches forêts appartenant à l'Etat.
       Quelle que fût notre douleur d'être séparés des populations voisines et amies cédées à l'Allemagne, nous avions au moins la consolation de rester Français et nous ne pouvions prévoir qu'on prétendrait un jour nous contester cette légalité.

       Nous qui faisons partie de l'arrondissement de Sarrebourg et du département de la Meurthe, nous n'avons pas cessé d'être Français et nulle compensation n'était à offrir à l'Allemagne pour notre libération.
       Cependant l'autorité allemande prétend nous traiter comme territoire annexé et expulser de notre commune les employés français qui y ont été placés par l'administration des douanes. Elle affirme que nous devons être cédés à l'Allemagne en échange de la commune d'Igney.
       Nous n'indiquerons pas, Monsieur le Président, l'intérêt qu'a l'Etat à conserver les riches forêts situées sur notre territoire, mais nous nous adressons à votre cœur si français, à votre esprit à la fois si 1uste et si élevé.
       Nous venons vous dire: nous sommes pauvres, peu nombreux, impuissants, mais nous avons pour nous le droit, les textes des traités et le vote de l' Assemblée nationale qu'un autre vote seul pourrait changer; vous êtes le gardien de la loi, le protecteur du faible, nous nous adressons avec confiance à vous pour vous réclamer votre protection et ne pas permettre qu'on nous enlève illégalement cette nationalité pour laquelle nos fils, après nous, ont versé leur sang- et que nous continuerons toujours à défendre comme sentinelles avancées de la patrie. "
       De son côté la commune de Raon-sur-Plaine, dont les maisons ne sont séparées de celles de Raon-les-Leau que par la largeur de la Plaine, la rivière de la vallée, ne restait pas inactive et adressait une lettre aux députés des Vosges, disant notamment :
        " Messieurs les Députés, la commune de Raon-sur-Plaine est la seule du canton de Schirmeck qui soit située du côté français de la ligne des crêtes adoptée comme ligne frontière et ce ne peut être que par suite d'une fatale erreur des négociateurs français qu'elle n'a pas été conservée à la France en même temps que les communes voisines du canton de Lorquin, département de la Meurthe, qui se trouvent dans les mêmes conditions (Raon-les-Leau, Leval, Cirey, Bertrambois, Tanconville).
       Lors de la ratification du traité de paix à l'Assemblée nationale, nous avions repris courage puisque le rapport de Monsieur le Vicomte de Meaux exprime l'espoir que notre commune pourrait, par suite d'arrangements nouveaux, être rendue à la France.
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       Nous venons donc nous adresser à vous tous, nos représentants et vous demander un nouvel effort commun en notre faveur.
       Tous nos intérêts, nos relations commerciales, civiles et de famille nous rattachent au canton de Raon-l'Étape, bien plus qu'à celui de Schirmeck dont nous sommes séparés par le Donon et la chaîne des Vosges, nos cœurs sont et seront toujours français.
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       Nous mettons, Messieurs, toute notre confiance dans votre sollicitude pour les intérêts du pays que vous avez promis de défendre, mais le temps presse, on annonce l'arrivée dans nos pays des commissaires chargés de la délimitation définitive, et si notre cause peut être gagnée, elle doit l'être avant qu'ils n'aient consommé leur oeuvre. "

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       Qu'en était-il exactement ? Quand de nos jours encore, on arrive à Raon-sur-Plaine par la route qui descend de la plate-forme du Donon, après être passé devant ce qui fut l'ancienne douane et traversé Raon-les-Leau, on trouve à main gauche un chemin dit " d'Allemagne " jalonné rouge blanc rouge par les soins du Club vosgien, qui, en trois kilomètres, vous conduira au col du Roulé Bacon à 745 m. d'altitude.
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       L'ajournement de la solution de la question fut renvoyé après la signature de la paix.
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       C'est ce qui avait été fait heureusement pour les habitants de Raon-sur-Plaine dans les Vosges, tandis que ceux de Raon- les-Leau n'ayant pas de bois communaux avaient conservé le droit d'affouage dans la forêt domaniale située sur le territoire de leur commune et connue plus communément sous le nom de Windeck.
       On nous rendait donc les bois communaux de Raon-sur-Plaine, mais nous devions trouver une solution pour les habitants de Raon-les-Leau, entendre les réclamations des propriétaires des scieries et des fermes qui redoutaient de voir leurs propriétés enclavées en territoire allemand. Tous, du fait de la confiscation par l'Allemagne de leurs 1.272 hectares de forêts subissaient un préjudice de première grandeur.
       Nous perdions le Donon, point stratégique de valeur incomparable. Nous perdions la plate-forme du dit Donon et les forêts domaniales avec leurs enclaves: le Rond-Pré, la Cense St-Pierre, les prés du Cerf et de la Biche, les prés de Bon et Petrot, enfin la ferme et le pré de la Crâche.
       Nous conservions heureusement les fermes de la Haute-Abraye encore appelée ferme Oberlé, celle de la Basse-Abraye et celle de Glacimont préservées par les bois communaux du Poutot et de la Grande-Côte.

       Les superficies des communes de Raon-sur-Plaine et de Raon-les-Leau étaient réduites respectivement à 866 et 600 hectares.
       Et voilà pourquoi et comment, s'il est une frontière qui donna du fil à retordre aux fonctionnaires chargés de la tracer, ce fut bien celle qui, durant plus de 40 ans, sépara les deux communes sœurs de Raon-sur-Plaine et Raon-les-Leau de l' Alsace annexée par l'Allemagne. Elle mesurait plus de 18 kilomètres de déplacement pour lesquels il ne fallut pas moins de 152 bornes, son tracé capricieux étant dû au fait que les fermes et terres de culture restaient en principe à la France, les forêts étaient annexées par l'Allemagne.
       Les 152 bornes nécessitées par la délimitation de la frontière furent donc posées, chacune comportant, gravées sur le grès, un numéro d'ordre, la lettre F sur le côté de la borne tournée vers la France et la lettre D (Deutschland) sur le côté regardant l'Allemagne.
       Quelques-unes ne devaient pas rester en place longtemps. Les 28 et 31 août 1872, en effet, une rectification de frontière allait avoir lieu aboutissant à donner à l'Allemagne des prés que celle-ci nous avait antérieurement laissés.
       Certes, cette rectification méconnue des historiens, mais matérialisée sur le registre cadastral des deux communes en allemand et en encre rouge " Territorium zu Deutschland gehörig }} et contresignée par un fonctionnaire allemand ne devait pas porter sur une surface bien importante. Elle ne nous privait pas moins de quelques hectares de bons prés répartis en trois endroits différents: dans les fonds de la Scierie Labbé, les prés confisqués se répartissant entre les vallons de Réquival et de la Malcôte, dans la région des sources de la Plaine aux lieux dits La Grande Goutte et A. Hoton, enfin dans une région voisine du bois communal de Raon-sur-Plaine aux lieux dits Le Rond-Pré et le Pré du Chaux four.
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       Le traité de Versailles devait, le 11 juin 1919, nous rendre l'Alsace-Lorraine sans que l'on ait voulu ou songé à rétablir les limites départementales telles qu'elles existaient antérieurement à 1870 et ce sont les mêmes bornes frontières qui tiennent encore lieu de limite de nos jours entre les départements de la Meurthe-et-Moselle, du Bas-Rhin et de la Moselle.
Paul FOURCHY.

       (2) .........