Texte et illustrations de Jacques Bourquin

Suite à sa conférence du 09 nov 2001 à Badonviller, je me permets d'ajouter quelques notes en jaune

     Quelques faits…

        Après les grandes batailles d'août 1914, les deux armées Allemandes et Françaises sont épuisées par les pertes humaines et matérielles.
        Elles se verront prélever de nombreuses unités pour d'autres fronts (la Marne, la "course à la mer", l'Yser...). Fin septembre, ce sont donc de faibles troupes qui se font face.
        Un "no man's land " important se trouve entre les lignes encore mal fixées. La prise de Celles sur plaine et de Badonviller ayant échoué, les Allemands envisagent des " corrections " de la ligne de front pour économiser les troupes et occuper des positions faciles à défendre.
        Ce front sera alors dévolu à des troupes de réserves qui n'y démériteront pas.
        Le 27 février 1917, les Allemands (9ème bataillon de Jäger de XIXED, 70RIR de la 84LB) attaquent 576, 571 (pour nous, "les deux jumelles") puis 542 au nord de la Chapelotte et en chassent les faibles troupes françaises.
        Seuls le piton des Colins et la Chapelotte restent entre les mains des troupes françaises.
        Dans de très difficiles conditions climatiques, les troupes françaises dont les Niçois du 363ème RI, les Corses du 373ème RI et les chasseurs du 70ème BCA (pour les régiments de réserve, on ajoute 200 au n° du régiment, pour les bataillons de chasseurs, 40) vont attaquer sans relâche (ne pas perdre un mètre du sol français...) jusqu'au 3 mars les positions que les Allemands ont très rapidement fortifiées et garnies de mitrailleuses.
        La faiblesse des effectifs, les pertes et la solidité des installations allemandes conduisent alors à une stabilisation du front et à l'installation dans la guerre de tranchées.

Les troupes allemandes s'installent:
tranchées et abris bétonnés, voie de chemin de fer jusqu'au plus près des premières lignes,
hôpital de première ligne comme ci-dessous.




        Comme l'armée française n'envisage que la reprise de l'offensive et la reconquête des territoires perdus, elle ne construit pas d'installations durables, alors que les Allemands s'installent solidement et pour longtemps de façon défensive.
        Les Vosges seront connues comme un secteur calme où les troupes éprouvées sur d'autres secteurs pourront se reconstituer, mais la cote 542, au nord de la Chapelotte, ne connaîtra jamais le calme. Les bombardements d'artillerie obligeront à de fastidieux travaux de réparation des tranchées.
        Il faut noter la bonne tenues des territoriaux (115ème et surtout 43ème RIT) qui tenaient entre autre, le piton des Colins et y subirent de dures attaques. Surtout que les lignes françaises étaient située sous les lignes allemandes, en contre-bas, et parfois éloignées de 20 METRES seulement.
        A partir de mi-1916, les unités vont changer souvent, parfois n'y faisant qu'un très bref séjour.
        Les gaz de combats, le lance-flamme, l'électrification des barbelés et surtout une terrible guerre de mines se dérouleront à la Chapelotte. Chaque camp sera amené à creuser des galeries sous les lignes ennemies pour la faire exploser avec de très puissantes charges. Le rocher, broyé par les explosions, rendra impératif de creuser de plus en plus profond pour retrouver un grés intact.

Cartes tirées de: "La guerre dans les Vosges" du capitaine E.Dupuy, Payot, 1936



Si vous désirez voir le plan des explosions de mines en grand, cliquez sur l'image ci-dessous.



        La dernière galerie française s'enfoncera à 120m. sous le front… On compte à la Chapelotte l'explosion de 55 mines et camouflets sur un front de 300m. La compagnie 27/4 de génie, commandée par le capitaine Grandidier utilisera 150 tonnes d'explosifs et creusera dans le roc plus de 1500m. de galeries (La course ne s'achèvera que lorsque l'on constatera qu'à plus de 35 mètres de profondeur, les explosions n'ont plus aucun effet en surface...). Des moyens de plus en plus sophistiqués seront nécessaires et de véritables usines seront installées sous roc pour y abriter groupes électrogènes, compresseurs et machines diverses.
        A la fin de la guerre, la cote est pelée, les arbres sont déchiquetés. Elle apparaît comme une croupe de terre rouge creusée de nombreuses galeries et abris et parsemée de larges cratères. Le chiffre exacte des pertes n'est pas connu. Plus de 2000 soldats français y auront laissé leur vie. La visite de la nécropole de Badonviller est édifiante.



BADONVILLER à eu "l'honneur" du communiqué du Grand Quartier Général...
Mardi 9 mars
La neige et le vent ont gêné les opérations en Champagne. Néanmoins nous avons repoussé une attaque à l'ouest de Perthes et gagné du terrain au nord et à l'est de cette localité, tout en faisant des prisonniers : 500 mètres de tranchées ont été gagnés. Quelques gains ont été réalisés également au nord-est de Mesnil. Dans les Hauts-de-Meuse, nous avons detérioré un canon de 42 centimètres que l'ennemi venait de mettre en batterie. Près de Saint-Mihiel, au bois Brûlé nous avons pris pied dans une tranchée. Au bois Le Prêtre près, de Pont-à-Mousson, nous avons arrêté net une offensive allemande. Nous avons progressé au nord de Badonviller en Lorraine, et infligé de lourdes pertes à nos adversaires, en Alsace, au Reichackerkopf et près de Burnhaupt. Les combats restent très favorables aux Russes en Pologne et en Galicie orientale. Deux nouveaux forts des Dardanelles ont été réduits par l'escadre franco-anglaise. M. Zaïmis n'a pas réussi à constituer son cabinet à Athènes. Le roi Constantin a alors appelé M. Gounaris, partisan de M. Theotokis, qui est lui-même germanophile. M. Venizelos a déclaré qu'il combattrait le cabinet Gounaris s'il aboutissait à se former. M. de Bülow avoue son échec à Rome. La presse allemande insiste pour que l'Autriche cède le Trentin à l'Italie pendant qu'il en est temps encore.

Je rappelle que cette ligne sur Badonviller représente 2000 morts !




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