L'église de Petitmont Jeanine et Gérard Marchal L’histoire En 1730, la communauté de Petitmont est composée de 55 familles ce qui représente 277 paroissiens et désire « construire une église convenable, la faire désunir de celle de Val de Bonmoutier leur ancienne paroisse et la faire ériger en titre de cure et bénéfice » A titre d’argumentaire, il est dit : « Eloignés de plus d’une demy heure de chemin dudit val de Bonmoutier, qu’entre leur village et celui dudit Val il y a une montagne très raide ce qui rend le chemin impraticable surtout en hiver à cause des glaces, plusieurs personnes de tous âges et de tout sexes ayant été blessés et estropiés des chutes qui sont inévitables par temps de glaces. Il y a au pied de cette montagne une rivière porte bateau et qui porte les inondations de l’hiver principalement rend les chemins encore plus impraticables en sorte que plusieurs personnes y ont été noyées et comme il n’y a jamais d’église audit Petitmont, qu’il faut porter les Sts viatiques et les Stes huiles, il est arrivé plusieurs inconvénients à plusieurs personnes de tous les âges et de tout les sexes étant mortes sans sacrements » Une première requête déposée le 5 juin 1731 es t refusée car non conforme aux procédures. Elle est renouvelée en août 1731. S’ensuit enquête et jugement et le 30 juillet 1732, l’évêque donne l’autorisation de construire une église à Petitmont. Les habitants devront fournir à leur pasteur le logement convenable et tout ce qui sera nécessaire et qui est à leur charge tant pour la décoration de l’église que pour le service divin. Jean François Epvrard, chanoine de l’abbaye de Domèvre et curé de Bonmoutier et de Petitmont et les habitants de Val de Bonmoutier s’opposent à cette décision. Ils sont déboutés le 14 janvier 1733. Jean Baptiste Piart, abbé et gouverneur de l’abbaye de Domèvre, n’intervient pas à l’époque car souvent à Rome, occupé par le procès de béatification de Pierre Fourier et des festivités qui suivront. Quarante ans plus tard, des différents auront lieu entre le curé de Petitmont et l’abbé de Domèvre concernant la fourniture des livres de chœur pour l’église ; l’abbé s’exécutera pour éviter les frais d’un procès. L’église construite en 1733-1734 sera consacrée à Pierre Fourier et le premier curé sera Jean Baptiste Epvrard qui est présent fin décembre 1734. Le pèlerinage L’église est consacrée au Bon père Fourier, qui vient d’être béatifié, en mémoire de son passage alors qu’il évangélisait le pays de Salm et Badonviller, tout proche à la demande du duc de Lorraine. Alors qu’il regagnait, en août 1625, l’abbaye de Domèvre, abbaye de la congrégation de Notre Sauveur qu’il avait réformé, suite aux mauvais traitements reçus à Badonviller, il vint selon la tradition, « du côté de notre paroisse. C’était en été : épuisé de peines et de fatigues, luttant depuis le commencement de sa course contre une soif dévorante, il s’arrêta ou plutôt tomba presque sans vie, dans une forêt située à environ trois kilomètres de notre paroisse, mais Dieu qui veillait sur son dévoué serviteur, fit jaillir à ses pieds une source bienfaisante d’eau vive, là où il avait planté son bâton. Il put se désaltérer et reprendre une nouvelle vigueur. » En 1868, les habitants de Petitmont font ériger un petit édifice pour protéger la Fontaine du Bon Père dont l’eau est captée pour alimenter le village. En 1744, deux ossements de Pierre Fourier furent donnés au curé Epvrard et furent enfermés dans un reliquaire qui est toujours exposé dans l’église sur l’autel consacré au Bon Père. Depuis cette époque, ces reliques ont toujours été l’occasion d’un pèlerinage très fréquenté surtout à l’occasion de la fête de Pierre Fourier le 7 juillet (date décrétée par le pape). Le reliquaire est porté en procession jusqu’à la Fontaine du Bon Père et les fidèles disposent de prières diverses qui sont rassemblées dans un petit fascicule : le bienheureux Pierre Fourier patron de l’église de Petitmont. Notice offerte aux pèlerins du bon père, Bar-le-Duc, L. Guérin, 1873. Les différentes églises
On peut lire en particulier que le marnage du clocher doit être descendu ainsi que les deux cloches de la tour afin que celles-ci puissent être installées dans un petit hallier proche de l’église pour que l’on puisse les faire sonner. De même les deux confessionnaux et les fonds baptismaux doivent être démontés et remontés. On sait aussi que la nef doit être agrandie afin de pouvoir contenir huit nouveaux bancs, une tourelle sera construite dans l’angle de la tour avec à l’intérieur un escalier de pierre de taille, les vitraux de la tour, qui comportera 3 niveaux, seront garnis de petits carreaux alors que ceux de la nef seront garnis « de panneaux averre à fortes lames de plomb » le sol de la nef sera recouvert par un plancher. L’ensemble de l’édifice sera couvert de bardeaux peints de deux couches de peinture à l’huile couleur d’ardoise. Le cimetière entoure complètement l’église et il doit être construit une allée de pierres entre la porte d’entrée du cimetière et celle de l’église » On ignore si les travaux ont été effectués car on est à la veille de la Révolution mais ceux réalisés ensuite laissent à penser qu’ils ont effectivement eu lieu peut être quelques années plus tard puisque l’on apprend qu’en 1807, l’église a trois cloches.
Cette décision oblige l’architecte à modifier son projet : renforcement de la tour, ajout de balustrade et de 4 clochetons. Ce « désir » de la commission diocésaine est en fait le désir du curé, l’abbé Leclère, qui veut que son église dédiée à Saint Pierre Fourier qui a été canonisé en 1897, ressemble à la basilique de Mattaincourt. La commune sera obligée de prendre sur le titre forêt « réinvestissement » pour payer les 648 329 F d’excédents. Trois cloches seront commandées à Robécourt pour la somme de 20 359 F et une horloge électrique avec trois cadrans seulement (afin que les habitants de Val ne puissent pas lire l’heure suite aux différents démêlés existants entre les deux communes) sera commandée à Rambervillers pour la somme de 2 000 F. La plus grosse des cloches, baptisée en 1921 s’appelle Pierre Fourier et remplace sa sœur aînée Pauline détruite par les allemands. Elle a pour parrain Albert George et pour marraine Jeanne Claudon. En 1932, Emile Knoery, menuisier de Petitmont construira la tribune de l’église et un orgue sera livré par Jacquot, facteur d’orgues à Rambervillers. Les vitaux seront réalisés par les frères Benoit de Nancy, qui en 1949 les restaureront à nouveau à partir des dessins qu’ils avaient conservés, puisqu’ils avaient été détruits par le bombardement de novembre 1944. Les trois vitraux du chœur sont consacrés à Saint Pierre Fourier ; sur l’un on le voit enseigner la lecture aux garçons (c’est lui qui créa avec Alix Le Clerc les écoles pour filles), celui du milieu évoque la montée au ciel du saint canonisé et le dernier le pèlerinage à la Fontaine du Bon Père. On peut reconnaître sur ce dernier vitrail le maire de l’époque, Victor George, le curé Leclère, une sœur de la Doctrine Chrétienne et sur l’avant une personnalité qui est peut-être le comte de Guichen. Sources : Archives départementales de Meurthe et Moselle
WO - 2687 : travaux communaux H - 1456 : Chanoines réguliers –Abbaye de Domèvre |