LA GUERRE DE TRENTE ANS
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Les quatre phases
Revenons en maintenant à la Guerre de Trente Ans et à ses quatre phases. On distingue: 1 Phase « allemande », ou phase Palatinat-Bohême 1618-1620: cette phase, c'est essentiellement une lutte des pouvoirs locaux menés par Frédéric V, Roi de Bohême et Electeur Palatin contre un pouvoir impériel qui se veut central; en 1620, les princes « allemands » sont battus en une heure à la bataille de la Montagne Blanche (dans ce contexte, « allemands » veut simplement dire germanophones; il serait évidemment absurde d’aller leur inventer une patrie allemande au sens moderne du terme, c’est à dire étatiquement unifiée; c’est précisément contre de tels projets d’unification sous l’égide de l’Empereur qu’ils font la guerre!)
(Période 1620-1625; on peut à peine classer cette période dans la "phase Bohême", puisque la Bohême a perdu son indépendance suite au désastre de la Montagne Blanche, et qu'elle est devenue propriété des Habsbourg; en fait on est entre deux phases; ce qui ne veut pas dire que la période est calme, bien au contraire; voir plus loin le passage intitulé « Points de technique militaire » et les choses ne s'arrangent pas pour les Protestants, car ils s'amusent à des rivalités entre Calvinistes et Luthériens) Gagner une guerre, c’est du talent. La gagner en une heure, c’est de l’imprudence. Suite à la bataille de la Montagne Blanche, dans toutes des Cours d’Europe, on ne parle plus que de cette nouvelle puissance qui vient de se lever à l’Est, et de cet Empereur qui deviendra Roi du Monde si on le laisse faire. Et on ne va pas le laisser faire... Par la suite, l’Empereur aura contre lui toute l’Europe, qui en oublie d’être divisée. On voit même l’Angleterre dans le même camp que la France! L’Empereur va devoir affronter tour à tour toutes les puissances européennes; chacune de ses victoires n’a d’autre effet que de lui susciter un nouvel adversaire, jusqu’à ce qu’il soit finalement vaincu par la France, qui a su avoir, une fois n’est pas coutume, la sagesse d’entrer en guerre la dernière et de ramasser ainsi la mise. 2 Phase danoise (1625-1629): le conflit s'internationalise; c'est le Danemark qui mène la seconde phase de la lutte, aidé par l'Angleterre et les Provinces Unies; l'Empereur recrute le mercenaire Wallenstein; défaite totale des protestants 3 Phase suédoise (1630-1635): cette phase interesse particulièrement le Ban de la Roche, qui est une peu une « colonie suédoise », les Comtes palatins de Veldenz, seigneurs du Ban de la Roche, étant apparentés au Roi de Suède; elle interesse ses voisins par voie de conséquence; elle est menée par Gustave de Suède, luthérien zélé; la France a discrètement promis son aide mais elle n'est pas en première ligne; les Suédois battent les Autrichiens à plate couture à la bataille de Breitenfeld, ce qui oblige l'Empereur à rappeler Wallenstein, mercenaire de talent mais enclin à jouer son propre jeu; bataille de Lutzen: les Suédois sont victorieux, mais leur roi est tué; il est remplacé comme chef de guerre par Bernard de Saxe Weimar; défaite cuisante de ce dernier à Norlingen en Allemagne; 4 Phase française (1635-1648): la défaite de Bernard de Weimar à Norlingen incite la France à entrer en guerre elle-même; la guerre se termine par la victoire et par les traités de Westphalie; dans cette phase, les aspects religieux le cèdent devant les aspects politiques (car il est bien évident que la France n'a pas pour but de guerre de défendre le protestantisme, mais de faire échec aux prétentions hégémoniques de l'Empire; on a l’habitude de résumer en ces termes la politique française de l’époque: « Politique intérieure catholique, politique étrangère protestante »)
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