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Guerre de Hollande


       La guerre de Hollande (1672-1678) a ceci de commun avec la guerre de Trente Ans, qu’elle prolonge d’une certaine façon: toute l’Europe se coalise contre la puissance dominante. La différence, c’est qu’aujourd’hui, la puissance dominante, c’est la France.

       Certains pouvoirs alsaciens, en particulier la ville de Strasbourg, tentent de jouer la carte anti-française, si bien que, comme son nom ne le dit pas, la Guerre de Hollande comporte de nombreuses opérations en Alsace.

       Notre région assiste même à une très importante bataille rangée (comme je l’ai dit, elles étaient rares) qui se déroule à quelques kilomètres à peine. Il s’agit de la Bataille de Türckeim, 4 janvier 1675. La victoire française est totale. L’ennemi repasse le Rhin à Kehl le 11 janvier 1675.

       La guerre de Hollande consolide le pouvoir français en Alsace.

       Les sentiments des divers pouvoirs alsaciens vis à vis de la France (comme ceux vis à vis de l’Empire) dépendent de la convergence ou de la divergence des intérêts.

       Parmi les régions les plus anti-françaises, il y en a une qui m’est particulièrement proche, à savoir le Val de Munster, d'où vient mon ancêtre Jean-Georges Wiedemann, qui immigre à Rothau à l’époque qui nous interesse. Il faut savoir qu’avant la Guerre de Trente Ans, Munster avait le statut de « ville impériale »; c’est à dire qu’elle ne dépendait que de l’Empereur; c’est à dire (l’Empereur ayant peu de temps à consacrer au Val de Munster, même s’il ne sait pas ce qu’il perd en négligeant cette région, une des plus belles d’Europe) qu’elle était indépendante de fait; on comprend donc que Munster ait peu apprécié de dépendre ensuite d’un Roi absolu.

       Sa population de paysans et de pauvres gens manifestait son sentiment anti-français par les moyens à sa portée.

       Or, comme tout le monde le sait: la France c’est Paris, et Paris, c’est la mode. En conséquence, les habitants du Val de Munster considéraient comme de leur devoir de refuser de suivre la mode. Etre en retard sur la mode de moins de cent ans, c’était quasiment de la haute trahison. Ces personnes se reconnaissaient donc à leur habillement datant du siècle de Louis XIV et au grand chapeau dont ils étaient affublés.

       Les descendants de la famille Wiedemann, dont je suis, doivent donc visualiser ainsi l’arrivée à Rothau de leur ancêtre fondateur Jean-Georges: une sorte de Rip van Winkle paraissant s’être échappé d’un autre siècle par quelque couloir du temps.

       Cela dit, quand vint le temps de la Révolution, les Alsaciens, y compris ceux de Munster, surent situer sans erreur le Pays de la Liberté. Leur patriotisme était proverbial. Parmi les principaux acteurs de la bataille de Valmy, qui arrêta les puissances européennes royalistes coalisées contre la France républicaine, on trouve le général Kellermann, qui commandait, et le régiment de Salm-Salm. Les Alsaciens étaient nombreux parmi les généraux de Napoléon. Pour parler d’eux, il avait coutume de dire: « Ils parlent en allemand, mais ils sabrent en français. »




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