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Index Les Voyageurs de la PRINCESS AUGUSTA



LA CENSE DU BAS LACHAMP




       A Bellefosse, la cense du Bas Lachamp est située à côté des ruines du château du Moyen Age, dont elle avait dépendu et auquel elle survivait. Parmi les familles qui y vécurent, soit à titre de censier, soit à un titre plus modeste, certaines sont à noter:

Famille Neuviller/Ringelsbach

       Dès le milieu du 17ème siècle, la cense fut tenue par le couple Joseph Neuviller-Anne Ringelsbach, un couple des plus mystérieux, peut-être suisse.

       Ce couple a cinq enfants, nés selon leurs dires dans le canton de Berne. Il s’agit de :
- Marie, épouse de Jacques Krieger; les familles Neuviller et Krieger tiennent ensemble la cense du bas Lachamp
- Jean, époux de Marie Thon (c’est la fille de Jean Thon et la nièce de Humbert Thon, « justicier » lors des procès de sorcellerie; après la mort de ce dernier, sa veuve Madeleine fut elle aussi accusée de sorcellerie)
- Catherine, épouse de Georges Parmentier
- Christian, époux de Jeanne Marchal, du Trouchy (encore une famille « sorcière »)
- Mougeotte, épouse de Thomas Müller
       Jean, époux de Marie Thon, a de nombreux voyageurs de la Princess Augusta dans sa descendance:
- sa fille Marie épouse Balthazar Kommer; Balthazar et Marie sont les parents de Jean Kommer (époux de Marie-Madeleine Verly), voyageur de la Princess Augusta, et les grands parents de Daniel
- sa fille Jeanne épouse Christophe Banzet; leur fille Jeanne Banzet est l’épouse de Sébastien Caquelin, voyageur de la Princess Augusta
- sa fille Marguerite épouse Jean Verly; ils sont les parents de toute une brochette de Verly, garçons et filles, présents à bord, à savoir:
= Didier Verly, fs de Jean et de Marguerite Neuviller, o à Bellefosse en 1695, y épouse Elisabeth Ropp.
= Marie Salomé Verly, fa de Jean et de Marguerite Neuviller épouse Pierre Pinckelé
= Odile Verly, fa de Jean et de Marguerite Neuviller, veuve Gagnière, veuve Christmann, épouse de Pierre Brullhard, mère de Jacob Christman, voyageur.

UN COUPLE BIEN MYSTERIEUX

       On ne présente plus le couple formé de Joseph Neuviller et Anne Ringelsbach. S’il existe un Bandelarochois de vieille souche qui n’en descend pas, il peut se vanter d’être un original absolu.

       C’est par ses enfants qu’on sait, ou qu’on croit savoir, que ce couple serait suisse. Mais il porte des noms étrangement caractéristiques du Ban de la Roche.

       Il est impossible de pousser plus loin l’analyse du nom de Neuviller; les villages portant ce nom étant nombreux, le nom, quand on le rencontre, peut venir de n’importe où. En revanche, le nom de Ringelsbach étant rare (en tous cas plus rare qu’un nom de famille construit sur un prénom ou un métier), il aurait du, en théorie, être possible d’en suivre les variantes pas à pas de façon à lui faire raconter son histoire exacte.

       Mais cela n’est pas possible. Tous les généalogistes bandelarochois ayant un niveau suffisant pour détecter le problème (et ils sont nombreux) s’y sont essayés, mais aucun n’a réussi à trancher. Il restera toujours deux hypothèses, à savoir :
- soit Anne Ringelsbach est une vraie Ringelsbach de Ringelsbach, hameau de Neuviller appelé également, en Français, Riangoutte, et où coule le petit ruisseau appelé lui aussi le Ringelsbach; dans ce cas, elle aurait (peut-être; car nous n’avons que la parole de ses enfants pour lui attribuer une origine helvétique) été faire un petit tour en Suisse avant de revenir au Ban de la Roche; et elle serait alors apparentée à la famille Ringelsbach alias Georges de Neuviller, famille ancienne et bien connue; parmi les témoins du fameux procès Veldenz contre Rathsamhausen, de 1623, il y avait déjà un Dimanche Ringelsbach alias Georges (les minutes du procès emploient ces deux noms de façon totalement indifférente; le greffier passait de l’un à l’autre à quelques lignes d’intervalle); et il y a eu, parmi les victimes des procès de sorcellerie, deux épouses successives de ce Dimanche Georges; c’est peut-être pour cela que ce nom de famille montre une tendance (volontaire?) à se cacher derrière une variabilité hors du commun même selon les critères Bandelarochois; on trouve: Ringelsbach; Georges; Grandgeorges; Hierig (forme locale de Georges)... et j’en oublie sans doute

- soit Anne est vraiment suisse; dans ce cas, son vrai nom est vraisemblablement à l’origine du genre Ringispracher, ou Rindlisbacher; une fois sa propriétaire installée au Ban de la Roche et bien assimilée, le nom serait devenu Ringelsbach par confusion avec le nom de la vieille famille locale de Ringelsbach; en fait, plus les moteurs de recherche généalogiques montent en puissance, et plus l’hypothèse suisse parait devoir être retenue; les noms que je viens de citer ne sont pas si rares que ça en Suisse; et en particulier le nom de Rindlisbacher se rencontre à Biglen, canton de Berne, associé à un nom, celui de Dellenbach, qui interesse fortement la présente histoire (Anna Rindlisbacher, x Daniel Dellenbach le 13 2 1668 à Biglen, Canton de Berne); à noter aussi que le patronyme présente d’autres associations très « sensibles »; par exemple: naissance de deux homonymes complètes nommées Anne Rindlisbacher le 22 4 1638 et le 7 11 1641 à Sumiswald, patrie de plusieurs « martyrs » anabaptistes.
       Plus le temps passe, plus je deviens partisane de l’hypothèse suisse pour le nom de Ringelsbach.

       Et plus je deviens partisane, pour le nom de Neuviller, de l’hypothèse de l’invention pure et simple. Le nom est très rare en Suisse. Et de plus il sonne bizarre. C’est une sorte de doublet de Ringelsbach, car, au Ban de la Roche, le hameau de Ringelsbach (Riangoutte en Français) est une dépendance du village de Neuviller. Donc, on peut dire indifféremment: « J’habite à Ringelsbach » ou « J’habite à Neuviller ».

       Voici une reconstitution à mon avis vraisemblable de ce qui c’est passé:

       Au milieu du 17ème siècle, notre couple arrive au Ban de la Roche, en avant-coureur (Anne et Joseph sont en avance d’une génération sur les autres migrants suisses); ils s’installent comme censiers au Bas-Lachamp; ils fuient quelque chose et ne tiennent pas à donner leur vrai nom; Anne est ravie de la tendance qu’on les Bandelarochois à confondre son nom de Rindlisbacher (ou variante proche) avec le nom local de Ringelsbach. Pour inventer un nom à l’époux, le couple fait preuve, comme souvent dans ce genre de cas, de très peu d’imagination. Il trouve le nom de Neuviller, qui fait couleur locale et, qui est, au fond, un déguisement très transparent du nom de Ringelsbach/Rindlisbacher



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