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Index Les Voyageurs de la PRINCESS AUGUSTA



DEROULEMENT GENERAL DU VOYAGE DE LA PRINCESSE AUGUSTA




Récit du voyage sur la Princess Augusta

       Durs Thommen, originaire de Niederdorf dans le canton de Bâle, a laissé un récit suivant du voyage sur la Princess Augusta. Il s’agit d’une lettre du 20 octobre 1736 (42) adressée à une personne, le Révérend Annoni, qui semble être un responsable religieux.

       Le voyage de Durs comprend une détention de cinq semaines, mais il n’en dit pas plus, aussi ne saurons nous pas par quelle autorité il est retenu, ni quand ni pourquoi.

       Les voyageurs dorment sur le Rhin pendant deux semaines.

       Durant ce voyage, la ville de Mannheim (Bade Würtemberg; important port fluvial au confluent du Rhin et du Neckar) paraît avoir joué un rôle important, car Durs fait allusion aux « Mannheim skippers »; sans qu’il soit très explicite, on comprend que les « Mannheim skippers » les ont fait voyager sur le Rhin dans des bateaux côte à côte, ce qui confirme l’impression d’un voyage groupé ayant necessité un véritable « train de navires »; ce voyage sur le Rhin semble avoir été très difficile; je pense que c’est à ce moment qu’il faut situer l’importante mortalité par maladie signalée par Durs: 19 morts dans le bateau où sur trouve Durs; plus une femme et sept enfants morts dans le bateau d’à côté, pour ne rien dire des bateaux qui étaient hors de sa vue; ces morts, je les attribue au voyage sur le Rhin, car s’agissant du voyage en mer, le Capitaine Merchant fait état de trois morts « seulement ».

       Durs ne nous relate pas l’escale à Cowes, en Angleterre, où il fallait montrer patte blanche aux autorités anglaises. A moins que ce ne soit à cette escale qu’il fait allusion quand il dit avoir été détenu (avec ses compagnons) cinq semaines. Ou encore, lorsqu’il dit que le voyage de Rotterdam à Philadelphie a duré 12 semaines et quatre jours, mais seulement 8 semaines « de terre à terre ». Peut-être l’escale à Cowes explique-t-elle la différence entre ces 8 semaines d’une part, et ces 12 semaines d’autre part.

       Le bateau eut toujours du vent contraire sauf pendant 8 jours.

       En vue de la terre, un nouveau pilote monte à bord, et les voyageurs croient que c’est gagné, d’autant plus que le vent s’est enfin décidé à souffler de l’arrière et que le bateau avance vigoureusement. Mais le pilote s’inquiète, et à juste titre. Il fait jeter l’ancre. Quand il la fait lever à nouveau, le navire avance de dix mètres (30 pieds) à peine avant de heurter un rocher. On croit le navire déchiré en son milieu. Des cris d’angoisse s’élèvent et, là, nous dit Durs Thommen, on peut voir qui a la foi et qui ne l’a pas.

       Le capitaine lance des signaux de détresse, le navire repart vers la haute mer, et Durs Thommen croit bien qu’il ne reverra jamais la terre.

       Ensuite, il donne des conseils:

       Aux éventuels futurs voyageurs, il conseille de se munir de nourriture: beurre, lard, pommes séchées, prunes, farine, vin, brandy, pain séché, thé et sucre.

       A ceux qui ont quelque fortune, il conseille de ne pas entreprendre le voyage, plus onéreux et périlleux que cela ne vaut.

       Quant aux personnes sans fortune, il hésite sur les conseils à leur donner. Il lui semble que ceux qui ne peuvent payer leur passage trouvent aisément quelqu’un qui les « rachètera » ( ! ! !) en échange de quelques années de travail. Il a entendu parler de personnes ainsi « rachetées » qui, une fois terminées leurs années de travail gratuit, ont fait fortune. Mais il doute, il signale qu’il n’a pas encore, dans le Nouveau Monde, d’amis qu’il connaisse assez pour leur faire confiance. Il craint de donner de mauvaises informations et remet à une lettre ultérieure la communication de renseignements plus détaillés.

       La Princess Augusta, dont l’arrivée est relatée par la Pennsylvania Gazette du 23 septembre 1736, accoste un mardi avec 304 « Palatines » à son bord. Elle a vu la mort de trois passagers, auquels il faut ajouter, le jour même où elle débarque, la noyade d’un certain Thomas Shepperd, qui n’est pas sur les listes de passagers; peut-être est-ce un membre de l’équipage.



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