DEROULEMENT GENERAL DU VOYAGE DE LA PRINCESSE AUGUSTA
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Arrivée en Amérique
Il faut montrer patte blanche.(49) Les autorités font dresser encore une liste (une des plus) des passagers qu’elles admettent. Ceux-ci se voient dépouillés de leur maigres biens (50) sous prétexte qu’il s’agirait d’importations. Sous l’impulsion de Durs Thommen, qui paraît assumer un certain rôle de leader, ils signent une pétition aux autorités, mais c’est en vain qu’ils demandent humblement au Tribunal la restitution de six boîtes de fer, quatorze bouilloires, deux douzaines de ciseaux, quatre ombrelles, six paires de bas, plusieurs pièces de tissu dont ils précisent les couleurs, deux douzaines et demie de pipes à tabac, des lunettes, des couteaux, des haches, des faucilles, des poeles à faire le pain, des truelles... et j’en passe car je ne sais pas tout traduire. Ils doivent prêter serment d’allégeance au Roi d’Angleterre. Les « Seven families » se rendent compte alors que la liberté religieuse n’inclut pas le droit d’être catholique. C’est considéré comme incompatible avec la loyauté due au Roi d’Angleterre. Voici un extrait du « Test Oath » qui était obligatoire dans toutes les colonies anglaises de 1693 à 1775: "...do solemnly swear and sincerely profess and testify that in the Sacrament of the Lord's Supper there is no transubstantiation of the elements of bread and wine into the body of Christ at or after the consecration thereof by any person whatsoever, and that the invocation or adoration of the Virgin Mary, or any other Saint, and the sacrifice of the Mass, as they are now used in the Church of Rome, are superstitious and idolatrous." De tels « Test Oaths » ne seront abolis qu’avec la Constitution américaine de 1787. Cependant, en Pennsylvanie, la loi anticatholique des Rois d’Angleterre se combine de façon plus ou moins harmonieuse avec l’idéal de liberté religieuse de William Penn, si bien que, malgré vexations et difficultés, c’est en Pennsylvanie que les catholiques sont encore le mieux. Ils ont donc tendance à quitter les autres colonies anglaises pour s’y rendre. Nous voyageurs prêtent tous ce « Test Oath », ils n’ont pas le choix. En principe, cela ne dérange ni les protestants du bateau, ni les Ory, dont les convictions intimes sont manifestement protestantes, à en juger par leur histoire, tant avant la migration qu’après. En revanche, les autres des « Seven Famillies » n’ont pas l’intention de renoncer au catholicisme.
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