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Index Les enfants de la PRINCESS AUGUSTA




KREFELD


       Située sur le Rhin, dépendant du Roi de Prusse, Krefeld est un havre pour les Mennonites. Nous ne sommes pas très loin de Heildelberg et de Mannheim, autres lieux stratégiques de notre histoire. Nous ne sommes pas non plus très loin de la Ruhr et de Müllheim, lieux dont nous reparlerons aussi. Prises globalement, ces villes sont au centre de toutes les audaces intellectuelles (université de Heidelberg) et de tous les rêves de voyage (le Rhin).

       Krefeld est un centre industriel qui produit naturellement une mentalité ouverte et urbaine, avec ce que cela suppose de choc culturel pour les anabaptistes de mentalité au départ plutôt paysanne.

       La présence d’une population mennonite à Krefeld est connue des agents de William PENN, qui viennent la démarcher avec succès puisque les 13 familles de Krefeld sont les fondateurs de Germantown. On pourrait s’étonner de voir partir pour l’Amérique des familles qui, en Europe, ont déjà un lieu de refuge. Mais de tels refuges étaient précaires. Un protecteur qui meurt, un prédicateur trop enflammé qui exaspère même un seigneur de bonne volonté... Tous ces événements faisaint partie de la vie quotidienne de l’Allemagne des sectes.

       Outre les Mennonites, Krefeld voit passer toutes sortes de « sectaires », dont John NAAS, qui jouera un rôle important dans l’Eglise des BrethrenDunkards ») dont nous aurons souvent l’occasion de reparler.

       Les tensions internes font également partie des raisons d’émigrer. Mennonites et Brethren s’entendent bien... Si bien qu’il y a des mariages mixtes, ce qui exaspère les hiérarchies religieuses des deux bords.

       Krefeld est un élément très important de nos circuits.


24 octobre 1683: les premiers coups de pioche sont donnés à Germantown; les arrivants se creusent des abris dans le sol et y passent leur premier hiver dans des conditions misérables qui les conduisent à surnommer leur nouvel habitat « Armentown » (ville des pauvres, moitié en allemand, moitié en anglais); les voisins anglophones disent aussi « Beggarstown » (ville des mendiants); cependant, grâce au courage des immigrants... et au capital qui est derrière, agriculture et artisanat se développent (vigne, culture du lin, textile, travail du cuir, commerce...).

12 décembre 1684: arrivée à New York (mais avec la Pennsylvanie pour destination finale) de Jacob Telner, qui a fini par se décider à investir en Pennsylvanie; il a fait du recrutement à grande échelle et amène dans ses bagages de nombreuses familles de Mühleim dans la Ruhr, ville qui comptait de nombreux disciples ou sympathisants du hollandais Labadie cherchant à émigrer.

Fin des années 1600: Germantown se structure autour d’une « Main street » de belle allure, large, bordée de pêchers; chaque maison est entourée d’un jardin de trois arpents; un marché central permet d’écouler les produits de ses agriculteurs et artisans; deux cimetières se situent à l’extérieur de la ville; les nombreux petits ruisseaux activent toutes sortes de « mills », c’est à dire de moulins au sens que l’on donnait à ce mot à l’époque; ce mot ne désignait pas seulement les moulins à farine, mais aussi huileries, scieries, etc..., en bref: un « moulin » servait à produire tout ce pourquoi il est utile de disposer d’un mécanisme entraîné par une grande roue elle même entraînée par l’eau de la rivière.

La population s’accroit, et toutes les sectes prospèrent.

1688: arrivée de William Rittenhouse, originaire de Mulheim en Westphalie, une ville que nous retrouverons souvent; Mülheim était très influencée par le théologien dissident Jean de Labadie, qui préconise le mysticisme et la mise en commun des biens.



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