De Steffisburg à Mannheim et ailleurs: l’odyssée du clan YODER
Les YODER (12) sont des notables de Steffisburg et fournissent des échevins et des officiels au village à toutes les époques. Ils sont en permanence soupçonnés d’anabaptisme. Ce qui est sûr, c’est qu’ils refusent de livrer, aux autorités bernoises, le nom des anabaptistes du village. Et que, depuis la nuit des temps, ils sont en situation de rivalité avec les bourgeois de Berne, en particulier pour des questions de propriété. Un magistrat bernois convoite un terrain de la famille pour s’y faire construire une maison de vacances. En représailles, les fils de Jacob YODER coupent les magnifiques sapins qui faisaient la valeur du terrain. L’un d’eux, Heini, est condamné à un travail d’éboueur dans les rues de Berne, avec les clochettes aux pieds pour l’empêcher de s’échapper... Scandale... Finalement, entre notables, on s’arrange, et le tribunal de Berne revient sur sa sentence le 28 mars 1690. N’empêche, ça donne une idée de l’ambiance qui règne entre les notables de Berne et ceux de Steffisburg. Je ne chercherai pas à démêler les nombreuses ramifications de la famille YODER, d’autant plus que le lecteur intéressé peut se rendre sur son excellent site à cette adresse: http://www.yodernewsletter.org/welcome.html. Il nous suffira de noter ici:
En 1709, deux couples du nom (couple Jost YODER/Barbara RUPP; couple Christian YODER/Barbara GERBER), originaires de Steffisburg, fuient la persécution, transitent par l’Alsace, et arrivent à Oggersheim, autant dire à Mannheim Mannheim, voilà un nom à retenir; c’est le grand port fluvial sur le Rhin; c’est la plaque tournante des grands voyages; de toute la région rhénane, quand on veut aller loin par la mer, on commence par descendre le Rhin jusqu’à Mannheim; là, on est pris en charge par les pilotes du port fluvial, qui organisent la suite du voyage jusqu’à Rotterdam, à l’embouchure du Rhin; et une fois à Rotterdam, bonjour l’Amérique. D’ailleurs, l’un des deux couples (Jost YODER et Barbara RUPP) émigrent en Amérique dès 1718. Ils font donc partie des tout premiers migrants. Il n’est pas nécessaire de se demander comment ils ont eu l’information... Etant donné qu’ils habitent près de Mannheim, la question serait plutôt de savoir comment échapper, pour ceux qui le souhaitent, aux récits de voyage des marins, qu’ils soient d’eau douce ou d’eau de mer, dans les tavernes à matelots du port de Mannheim. Comme le lecteur vient de le voir: entre Steffisburg et l’Amérique, tous les circuits sont en place depuis les toutes premières années du 18ème siècle. Et qui dit Steffisburg en Suisse dit Ban de la Roche en Alsace, tant les liens sont importants entre ces villages... |