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Index Les enfants de la PRINCESS AUGUSTA




La famille EICHER


       Le nom de EICHER est présent dans tous les lieux stratégiques de notre histoire, tant à Steffisburg qu’au Ban de la Roche et au Ephrata Cloister (Pennsylvanie).

       La famille EICHER est un élément important du « Cloister »; le père est Daniel EICHER (+ 1 février 1773 Ephrata); parmi ses enfants, deux filles sont connues pour être parmi les principales admiratrices féminines de BEISSEL: Anna et Maria (+ 24 12 1784 Ephrata), cette dernière étant la supérieure de la congrégation féminine qui, fortement soutenue par BEISSEL, réussira toujours à garder son indépendance par rapport à la congrégation masculine; les EICHER sont parmi les premiers disciples de BEISSEL et parmi les premiers immigrants en Amérique. On ne connaît pas liens formels entre les EICHER d’Ephrata d’une part, et, d’autre part, les EICHER/EYER de Steffisburg et du Ban de la Roche. On n’est même pas surs que ces liens existent. Cependant, l’hypothèse est à considérer. N’oublions pas qu’il nous faut trouver le « chaînon manquant », c’est à dire la ou les personnes qui, dès avant 1735, avait prévenu YUCHLI qu’il se passait des choses intéressantes du coté du village de Cocalico... Village de Cocalico que d’ailleurs je n’appelle ainsi que par facilité de langage, car en réalité il n’y avait encore que quelques huttes; même remarques pour le Ephrata Cloister; en réalité, en 1635, il n’y a pas beaucoup plus que quelques ermites dans leur cabane... Et pourtant, l’information en est arrivée jusqu’en Suisse et au Ban de la Roche... Et elle n’a pas traîné pour arriver... Il est donc judicieux de faire l’hypothèse de circuits courts.


LES SUISSES DU BAN DE LA ROCHE SONT ILS TOUS AMISH?

La question appelle une réponse nuancée.

Globalement, il convient de souligner que, d’après la Mennonite Encyclopedia:
  1. le mouvement Amish est très lié aux environs du lac de Thoune (14) ; lesquels environs du Lac de Thoune ont fourni une forte émigration vers le Ban de la Roche


  2. lorsque le schisme Amish atteint son point culminant, les « ministers » (c’est l’expression employée par la Mennonite Encyclopedia online) alsaciens prennent en général parti pour Jacob AMMAN (15). Donc, sous réserve d’exceptions individuelles toujours possibles, nous considérerons qu’une large majorité des Mennonites du Ban de la Roche sont des Amish.
Cela dit:
  1. on n’est pas Amish avant Jacob AMMAN qui prêche aux alentours de 1690... N’oublions pas les données temporelles: les premiers Suisses qui arrivent au Ban de la Roche sont (sauf surprise) le mystérieux couple NEUVILLER/RINGELSBACH, qui apparaît vers 1649, ainsi que Jean VERLY, qui apparaît vers 1655; à l’époque, il n’est évidemment pas question d’être Amish; il convient aussi de tenir compte, surtout dans le cas de Jean VERLY, de l’écrasement de la révolte des paysans de la région bernoise en 1653, phénomène qui était politique et non religieux.


  2. on peut être Suisse sans être anabaptiste; c’est peut-être le cas de notre ancêtre Jean VERLY s’il a participé à la révolte paysanne manquée de 1653 (laquelle s’est déroulée deux ans seulement avant qu’il surgisse au Ban de la Roche) et s’il a du fuir la répression à cette occasion.


  3. on peut être anabaptiste sans être Mennonite; c’est là tout le domaine très mystérieux de la « réforme radicale » et des branches les moins sages du mouvement anabaptiste; branches qui nous intéressent énormément, puisque ceux des Bandelarochois qui ont migré sur la Princess Augusta ont vraisemblablement été recrutés par Bénédict YUCHLI, qui, lui, voyageait pour aller rejoindre le Ephrata Cloister


  4. on peut être Mennonite sans être Amish; au sein même de la famille Mennonite, les idées de fermeture de Jacob AMMAN trouvent un opposant déterminé en la personne de l’ancien suisse Hans REIST; ce Hans REIST, je n’ai pas réussi à le situer généalogiquement avec la précision voulue, car il y avait pléthore de candidats; le nom de REIST est très lié au village de Sumiswald, qui nous a donné la famille SOMMER, ce qui n’est pas rien; dans ce village, les Hans REIST foisonnent; il est d’ailleurs possible, sous toutes réserves, que le vénérable nom de REIST ait une représentante au Ban de la Roche; des fois, je me demande si ce ne serait pas la bonne forme du nom de cette Christine REHSEE/REESE/RIS (les pasteurs n’arrivent pas à orthographier son nom) épouse SOMMER, qui meurt le 16-12-1691 à Waldersbach; en tous cas, cette hypothèse serait cohérente avec le fait que Christine a épousé un SOMMER, nom très typique de Sumiswald.


  5. il est cependant difficile de dire dans quelle mesure on pouvait être à la fois Suisse, Mennonite et non conservateur; le conservatisme patriarcal, qui culminera dans le mouvement Amish, est déjà en germe, quand on analyse les choses, dans la confession de Schleitheim; par exemple, la possibilité de l’exclusion (Meidung) est de nature à asseoir le pouvoir clérical; et certaines provocations vis à vis de l’autorité civile (refus du service militaire, du serment, de l’enregistrement de l’Etat-Civil) sont de nature à désocialiser le fidèle, donc à le rendre dépendant de sa communauté religieuse, qui devient le seul espace collectif qui l’accepte; tout ceci, AMMAN ne l’a pas introduit, même s’il l’a renforcé; il reste que l’anabaptisme de type Schleitheim ne représente pas le tout de la réforme radicale, loin de là; en Allemagne en tous cas, on trouve des idées bien différentes (voir les Douze articles de Memmingen); en Suisse même, il y a des gens qui ont, de l’anabaptisme, une toute autre conception que le conservatisme, Benedict YUCHLI en est la preuve; mais la question se pose de savoir si ces personnes étaient nombreuses; d’une façon générale, le côté « révolution conservatrice » est assez typique de la mentalité du montagnard suisse, surtout à cette époque où il avait l’impression que les couches de la société les plus urbaines souhaitaient moderniser la société sans le paysan et contre lui.



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