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Index Les enfants de la PRINCESS AUGUSTA




LE DEPART DE LA PRINCESS AUGUSTA


Le grand départ
(reconstitution raisonnablement vraisemblable)

       Cette fois, ça y est, c’est le grand départ… ils sont quelques dizaines à partir en direction du Rhin, avec femmes et enfants, et ils seront encore plus quand tous les cousins suisses les auront rejoints.

       Ils ne se cachent pas vraiment… d’ailleurs, comment le pourraient-ils, nombreux comme ils sont, encombrés de ballots (31), de provisions, de poêles à frire, de poêles à faire le pain (mais oui … mais oui, ça existait …), de coupons de tissu, de pipes à tabac, de pelles, de casseroles, avec leurs couvercles, d’aiguilles en ivoire, de cuillers en étain, et j’en passe…

       Et puis, pourquoi se cacheraient-ils pour partir? La plupart sont suisses, c’est à dire anabaptistes au moins au sens très large ou supposés tels… ils sont donc soumis à l’édit d’expulsion de 1712… les soldats du Roi ne vont quand même pas leur reprocher de l’appliquer…

       Les chefs du groupe sont les cousins suisses et leurs voisins de Steffisburg et lieux circonvoisins: Bénédict YUCHLI, Christian DEPP/DEPPEN, et peut-être Niclos JEWDIE, nom qu’il faut peut-être rapprocher du clan YODER, des notables de Steffisburg. C’est vraisemblablement à eux qu’on a le plus affaire, même si Durs THOMMEN a probablement encore plus d’importance dans l’organisation générale du voyage.

       Voici donc la famille SCHLASTER/SCHLECHT, qui descend de la Broque: Christian premier, bâtisseur des censes de Salm; Christian second, son fils, que le capitaine de la Princess Augusta ne notera pas sur la liste de ses passagers: à quatorze ans, Christian est encore considéré comme un enfant; il est de deux ans trop jeune pour avoir droit à être noté comme un homme à part entière; la femme de Christian premier est en principe là aussi, mais elle aussi fait partie de ces êtres secondaires qui n’ont pas droit à l’honneur d’être sur les listes … une part de mystère subsistera donc à son sujet.

       Dans l’autre vallée, Waldersbach se vide: la tribu CAQUELIN prend la route en grand nombre, même si ceux qui restent sont nombreux. Deux de Waldersbach mourront en mer: Sébastien CAQUELIN le jeune et Didier MARCHAL.

       Les plus nombreux à partir sont ceux de la cense du Bas Lachamp à Bellefosse: ils sont toute une tripotée de cousins: des KOMMER, des BANZET, des VERLY, tous plus ou moins reliés au clan NEUVILLER par les femmes; sans compter les domestiques suisses de la cense: des BRULHARDT et des PINCKELE… Le Bas-Lachamp se vide brusquement, un peu comme, un siècle plus tard, se videra le Sommerhof

       La petite Sara CLAUDE, de Waldersbach, 13 ans, regarde son voisinage se vider. Malgré son jeune âge, elle en sait beaucoup depuis longtemps, car ses cousins de Bellefosse ont été aux premières loges lors de la période épique des réunions clandestines à la cense du Bas Lachamp.

       L’autre cense, celle de la Haute Goutte, futur Sommehof, conserve (semble-t-il) ses effectifs pour cette fois-ci, mais on y sait plus de choses qu’il y paraît. Le petit Jean DEPP, 14 ans (32), futur époux de Sara CLAUDE, regarde ses cousins suisses de Steffisburg partir pour le grand voyage.

       Et Georges KOENIGER, en toute discrétion, file à Natzwiller prévenir son ami, le mystérieux François ORY, qui doit être du voyage avec toute une bande de catholiques de Saulxures. Ceux-là ne sont pas sous le coup de l’édit d’expulsion de 1712. Et ils ne sont pas non plus, en principe, titulaires d’une autorisation en bonne et due forme des autorités françaises pour aller immigrer chez l’ennemi anglais… ils voyageront dans l’ombre, pendant que les Suisses se chargeront d’accrocher la lumière…

       Parmi les voyageurs qui quittent le Ban de la Roche, il y en a aussi dont nous ignorerons toujours le nom, car ils mourront sur le Rhin, avant même de mettre le pied sur la Princess Augusta. Ils ne figureront donc pas sur les listes du capitaine Merchant.


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