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LES PALATINE LIGHTS, OU LE DERNIER VOYAGE DE LA PRINCESS AUGUSTA

       En 1738, tard dans l’automne, trop tard semble-t-il, la Princess Augusta quitte Rotterdam, destination Philadelphie, avec à son bord 400 «Allemands» et Suisses. Une mauvaise fièvre s’empare de l’équipage. Le capitaine en meurt, et c’est un nouveau capitaine, Andrew Brook, inexpérimenté semble-t-il, à qui échoit la tâche de mener le navire à bon port. Il est en vue de New York, et tente de naviguer entre les îles de Rhode Island, Block Island et Long Island, alors qu’une tempête de neige fait rage en ce mois de décembre. Le navire n’arrive pas à se sortir du groupe d’îles, qui fonctionne comme un piège. Il perd une planche de neuf pieds en dessous de la ligne de flottaison. L’eau s’engouffre. Il est jeté contre les rochers et commence à se briser.

       Le capitaine Brook ordonne d’abandonner le navire. Seules 115 personnes réussissent à nager jusqu’à la côte dans la tempête de neige. Dans les jours qui suivent, il y en a encore qui meurent. Seules 90 personnes peuvent quitter Block Island en vie quelques jours après. Certains continuent vers la Pennsylvanie.

       D’après un dernier message de l’omniscient Ted von Mechow, les insulaires de Block Island racontent encore l’histoire d’une passagère nommée Kate, qui aurait été sauvée par un esclave noir du fermier Simon Ray, et qui l’aurait épousé.

       Ce n’est là que l’une parmi d’autres des légendes sur ce naufrage. Récemment, une journaliste de l’Associated Press a voulu faire le tour de la question. L’on trouvera son article en note (37).

       La Princess Augusta, parfois appelée aussi The Palatine, est le vaisseau fantôme favori des habitants de l’île. Il paraît qu’il hante ses eaux et qu’on peut le voir en feu entre Noël et jour de l’an, ou bien avant une tempête. Certains habitants on vu aussi de mystérieuses lumières qu’ils appellent Palatine Lights.

       D’après le folkloriste Michael Bell, on note deux sortes de légendes très différentes: celles racontées par les habitants de l’île mettent l’accent sur la méchanceté du capitaine du navire, qui aurait exploité les passagers, et sur la charité des îliens qui les auraient secourus.

       A l’inverse, sur le continent, il y a des légendes présentant les îliens comme des naufrageurs. Parmi ceux qui ont présenté les habitants de Block Island de façon négative, le plus célèbre est le poète du 19ème siècle John Greenleaf Whittier. Celui-ci a écrit un poème intitulé "The Palatine", publié dans The Atlantic Monthly en 1867. Il y décrit l’assaut du malheureux navire par les naufrageurs, et ensuite les apparitions du navire fantôme en feu certaines nuits sans lune.

       Peu flattés par cette version, les îliens en racontent volontiers d’autres, très différentes les unes des autres. Il y en a une, par exemple, dans laquelle la Princess Augusta est renflouée et continue sa route vers la Pennsylvanie.

       Pour réfuter la légende des îliens naufrageurs, ceux-ci témoignent également d’une grande imagination pour trouver une explication à ces «calomnies». La plus poétique est celle d’un certain Livermore qui nous explique que le navire, passant à Block Island, y débarqua une passagère nommée Dutch Kattern, accusée de sorcellerie, et reprit la route sans elle. La prétendue sorcière aurait ensuite fait sa vie à Block Island mais, révoltée par son abandon, elle se serait vengée en imagination en ayant des visions du bateau en feu et en les colportant largement.

       Comme vaisseau fantôme, la Princess Augusta est assez connue. On en trouve plusieurs mentions sur internet. Voici encore une autre version de la légende:(38)

       Lors du naufrage, les habitants auraient sauvé tous les passagers, sauf une femme oubliée à bord que l’on entendit longtemps crier dans les flammes.


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