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Index Les enfants de la PRINCESS AUGUSTA




MORAVES ET INDIENS

       Fin novembre 1755. Nous sommes dans la petite communauté morave de Bethléem, bien connue de nos amis BINCKLEY et CHRISTMANN. Un groupe d’Indiens effrayés vient chercher du secours: ils arrivent de la mission de Gnadenhutten, qui n’existe plus. Elle a subi une attaque indienne. Les missionnaires ont été tués ou capturés. Les quelques Indiens convertis qui ont pu s’échapper sont ceux qui racontent l’histoire.

       Brusquement, la communauté morave, si fière de son travail missionnaire, si sure de traiter les Indiens en égaux et en frères, se met à douter… car ce sont bien des Indiens qui se sont retournés contre elle.

       Les fugitifs ajoutent: il y a une attaque de planifiée contre Bethléem elle-même pour la Noël 1755. Mais il paraît que les Indiens renoncèrent en entendant les trompettes du chœur, qu’ils prirent pour la voix du Grand Esprit…

Vue de Bethléem dessinée vers 1775/1783 par Nicolaus Garrison Jr, pris sur le site: http://bdhp.moravian.edu/art/drawings/garrison1776.html

       Il n’empêche: les réfugiés affluent, Blancs et Indiens. Il y en a 556 en janvier 1756. Bethléem double de population. Les Indiens amis patrouillent dans la ville et dans les bois alentour. Ils chassent autant qu’ils peuvent, ramenant parfois du gibier trois fois par jour. Pièges et filets attrapent gibier et poisson autant qu’il est possible pour nourrir cet afflux de population. Les réserves de grain de Bethléem sont aussi mises à contribution, mais elles sont maigres car la récolte a été mauvaise. Les Moraves achètent du grain à l’extérieur pour eux mêmes et pour les réfugiés.

       Les Moraves demandent aux autorités leur protection, et s’apprêtent à se défendre eux-mêmes. Ils entendent tenir le milieu entre les fauteurs de guerre et ceux qui se laissent égorger sans se défendre.

       De fait, ils jouent un grand rôle dans le renseignement, utilisant leurs amitiés indiennes au profit des autorités anglaises.

       Commencer comme missionnaire et finir comme espion… c’est là une de ces histoires tristes comme il y en a tant à cette époque.


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