Des ORY sur le champ de bataille de Fort Duquesne
Dans un témoignage qu’il dépose devant la Cour suprême de l’Ohio , un certain
George ORY (43), se dit né «two years after Braddocks’ defeat, in August, in Cumberland Co, Hempfield Twp».
Je ne sais pas exactement si Georges est fils de François 1er ou de François II.
En tous cas, il dit être né en août 1757 dans la région de Fort Hanna’s Town, ce qui laisserait entendre que des membres de la famille y ont vécu soit ensemble soit successivement entre 1757 au plus tard (soit deux ans après la bataille de Fort Duquesne, alias Braddock’s defeat pour reprendre l’expression de George) et 1782 (date de la bataille de Fort Hanna’s Town), au plus tôt.
Petit problème: en 1757, Hempfield Township n’est pas encore constitué comme entité administrative. Il nous faut donc comprendre que George est né sur un territoire appelé à être ultérieurement baptisé Hempfield Twp. Ce détail ne serait pas grave en soi, s’il ne nous fallait ajouter qu’en 1757, la région n’est pas ouverte à la colonisation, et que c’est une zone militaire disputée entre Français et Anglais, dans laquelle les civils n’ont en principe pas leur place.
A ce stade, donc, deux hypothèses s’ouvrent devant nous: soit nous pensons que Georges s’est trompé sur son lieu de naissance; soit nous pensons que la famille a vécu une vraie vie d’aventure, habitant une région qui est un champ de bataille permanent, la bataille de Fort Duquesne n’étant que le point culminant des hostilités entre Français et Anglais pour le contrôle de cette région stratégique.
Personnellement, je ferai la seconde hypothèse: je ferai confiance à Georges Ory quant à ses date et lieu de naissance. Il y a tout un faisceau d’indices qui m’y incitent, indices dont le premier me suffirait, à savoir qu’il est rare de se tromper sur le lieu où l’on a fait ses premiers pas.
Mais il n’y a pas que cela.
Que la famille ORY vive loin de toute administration, nous le voyons aussi au fait que ses enfants nous sont souvent connus, non par des actes de baptême en bonne et due forme, mais par des documents de secours établis a posteriori, comme la liste d’enfants rédigée par Mme Ory dans une demande d’aide financière, ou comme le testament de François ORY 1er.
Nous trouvons la trace de François II ORY en 1755, puisque sa fille Eve nous dit qu’il a participé à la bataille de Fort Duquesne en tant que « Captain of pack horses»; les pack horses, ce sont des chevaux de bât; le fait de conduire de tels chevaux n’était, à l’époque, pas considéré comme une tâche militaire à proprement parler; les personnes appartenant à des sectes non violentes acceptaient souvent de l’accomplir; et les Daughters of the American Revolution, qui font la différence entre le fait de combattre et le fait de rendre service à l’armée, se contentent en général de compter les personnes ayant effectué de tels transports comme ayant « rendered aid» (= rendu service). Tout ceci me donne l’impression que François ORY est un habitant du coin et non pas un soldat arrivé là en suivant son armée.
DE FRANCOIS 1er ORY A EVE «OURY»
(hypothèses parfois, si l’on s’en tient aux individus, mais, globalement, le milieu familial est le bon)
Génération 1
1 François 1er; né en 1680, à Bremenil; forestier ou autre métier du bois («lignator» pour le curé qui tient l’état-civil), fabricant d’outils à la date du mariage de sa fille Marie-Eve; x Marie RAGUET le 4 novembre 1704, à Schirmeck, 67; d’où Geneviève, Marie Anne, Marie-Catherine, Nicolas, Marie-Eve, Pierre, Anne, François, Jean-François; le couple paraît vivre à Natzwiller xx Anne-Marie PERCHI (ou DERCHE; filiation exacte non trouvée, mais il s’agit d’un vieux nom La Broquois), d’où Christine, b 23-9-1732 , (Pierre?), Marie Barbara, Jean-Georges, Christian; François ORY participe au voyage de 1736 sur la Princess Augusta; décédé vers 1759, à Cocalico Township Lancaster County Pennsylvanie; il semble s’être sincèrement converti au luthérianisme à son arrivée en Amérique; en tous cas, l’état civil de sa famille est désormais enregistré dans des églises luthériennes de la région; contrairement au cas des autres voyageurs catholiques de la Princess Augusta, qui gardent leur religion
Par ailleurs, François Ory laisse en Amérique un testament qu’il rédige en allemand et signe d’une forme germanisée de son nom (Ury); ceci alors même que la famille vient de régions manifestement francophones, et garde suffisamment la mémoire de ses racines pour faciliter, au XIXème siècle encore, l’immigration aux Etats-Unis d’autres Ory de la vallée de la Bruche; mystère, mystère… il semble qu’il ait été trop dangereux, au XVIIème siècle, dans les colonies anglaises d’Amérique, d’avouer une origine française ou francophone.
Ce testament constitue l’une des principales sources pour connaître sa descendance, avec d’autres documents de secours comme une demande d’aide financière émanant de sa veuve et dressant la liste de ses enfants; d’une façon générale, les sources «normales» telles que les registres de baptêmes, sont souvent manquantes dans les premières générations américaines de la famille ORY
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1-1 Geneviève; o née le 11 mai 1705, Natzwiller; décédée le 1er janvier 1764, Natzwiller; x Paul MUNIER
1-2 Marie-Anne, ou Anne-Marie; o le 1er mai 1707, Natzwiller; décédée le 26 avril 1787, Natzwiller; x le 18 juin 1726, paroisse catholique de Rothau avec Jacques ou Jean ROPP/RUPP de Natzwiller, fs de + Ulrich et de DELBACH/DELLENBACH Madeleine; xx le 26 janvier 1735 avec Christian FLUCK, ou FLACK; sage-femme
1-3 Marie Catherine, o 10-2-1709 Natzwiller
1-4 Nicolas, o 10-1-1711 Natzwiller;
1-5 Marie-Eve, o 3-3-1713, Natzwiller x Jacob THOMAS, d’où postérité baptisée à Schirmeck
1-6 Pierre, o le 17 décembre 1715, Natzwiller; forestier, puis soldat; + prématurément; x le 30 juin 1738, Russ, 67, avec Geneviève FLACH; dont Stéphane et Pierre) xx 3 octobre 1741, Russ, 67, Marie-Jeanne PATT; dont Antoine, Marie-Eve, Catherine, Catherine, Marie-Anne, Jean, Joseph, Nicolas, Jean-Baptiste, Jean-Georges, Joseph
1-7 Anne, o 7-2-1720 Natzwiller; b 8-2-1720, baptisée à Schirmeck; x Sébastien COUBLE vers 1739; d’où postérité à la Broque
1-8 François, o le 14 mars 1722, Natzwiller, 67; décédé avant 1736,
1-9 Jean-François, (souvent appelé François, ou François II, par la descendance américaine) o le 13 mars 1724, Natzwiller; baptisé le lendemain à Schirmeck; + 6-5-1782 à Salem Twp, Westmoreland, PA au cours d’une attaque indienne contre sa ferme; x ca août 1751 à Westmoreland Co, PA, avec Agnès MC CLELLAND (Koch), d’où George Adam, Adam John, Catherine, Christina, Mary, Elisabeth, Eve, John, Martha, Esther, Francis, Jacob; en 1755, il sert comme « Captain of pack horses» dans les troupes du
Général Braddock (44); il est tué 6-5-1782, à Salem Township, Pennsylvanie, au cours d’une attaque indienne contre sa ferme; j’ignore s’il y a un lien de parenté entre Agnès MC CLELLAND épouse ORY d’une part, et d’autre part John MC CLELLAND, né en 1734 dans le Comté de Lancastre et membre de la Convention du 15 juillet 1776, où il représentait le Comté de Westomoreland, c’est à dire la région qui nous intéresse ici
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1-10 Christine, baptisée le 23-9-1732, paroisse catholique de Rothau; a pour parrain «Georges Kiligar», c’est à dire probablement Koeniger, ce qui dénote des amitiés protestantes de la famille
1-11 Pierre, pas d’autres renseignement; connu seulement par une mention au testament de son père
1-12 Maria Barbara, b 24-3-1747 à Cocalico Twp, PA; registres de Muddy Creek Church, 1730-1790; x Wendel WEINHOLD, d’où postérité
1-13 Jean Georges, o (d’après ses souvenirs) ca 1757 Hempfield Twp, Cumberland, PA, x Eva Margaret N ; d’où postérité née à Cocalico
1-14 Christian, x Magdalina Frantz le 11-9-1764
Génération 3
de Jean-François (1-9-)
( les noms des enfants sont connus par la «pétition» [= demande d’aide financière] adressée à la Orphan Court par sa veuve en faveur de ses enfants orphelins; ce n’est donc pas un document d’état-civil; ce qui explique que les dates de naissances ne soient en général pas indiquées; ne connaissant pas ces dates de naissance, je ne connais pas l’ordre de naissance des enfants; donc, ci-après, mon semblant de numérotation d’Abo n’est pas à prendre au pied de la lettre en ce qui concerne le dernier chiffre; cependant, je numérote quand même afin qu’on voie à quelle génération appartiennent les enfants et de quels parents ils descendent.)
1-9-1 George Adam «OWREY», o 9 5 1752 Littletown, York, PA, + 23 4 1836 à Adamsville, Crawford, Pa ( ville à laquelle il a donné son nom (45): Adamsville, originellement Owreytown); forgeron; soldat de la guerre révolutionnaire; arrive dans le Comté de Crawford au plus tard
en 1797 (46); x Mary MC CLELLAND (o 22-4-1766 à Chester County, PA, + 6-9-1844 à Eastfallowfield Township, Crawford Co, Adamsville, PA) + le 2-7-1787 à Greensburg, Westmoreland, PA, d’où postérité
1-9-2 John George, o 14-8-1753 Littletown; + 20-10-1844 à Weatherfield Twp, Trumbull, Ohio; sert 9 mois dans l’armée en 1776; avant de s’installer dans l’Ohio, vit 7 ans environ à Westmoreland, Meadville et/ou Crawford Counties, PA (les limites des contés étant fluctuantes, il est difficile de dire s’il s’agit d’un seul lieu qui a changé de statut administratif ou de plusieurs); il y a un George «Owry» qui tient une taverne à Adamsville: peut-être est-ce lui, sous toutes réserves; x Elisabeth EMERY entre 1790 et 1795 ; d’où postérité
1-9-3 Catherine, o ca 1761
1-9-4 Christina, o ca 1763, x Thomas BURBRIDGE
1-9-5- Mary, o ca 1764, x John VOGUS
1-9-6 Elisabeth, o ca 1767
1-9-7 Eve «OURY», o ca 1769 ou même nettement plus tôt puisqu’elle dit avoir vu des morts de la bataille de Fort Duquesne en 1755; héroïne de la défense de Fort Hanna’s town; + Shieldsburg 1848; (+) Congruity Cemetery, Westmoreland County; x peut-être N. CRISSY; on la croyait célibataire, mais la biographie publiée en note signale qu’elle aurait fait un testament en faveur d’une fille à elle nommée Ann CRISSY
| , o ca 1771; capturé par les Indiens lors de l’attaque de la ferme familiale; refait semble-t-il surface dans des conditions tragiques: il est indiqué, dans la History of the Crawford county, que Adam Owrey, fondateur de Adamsville, avait un frère nommé John, devenu fou après avoir subi une maltraitance appelée « run the gauntlet»; il s’agissait d’un grand classique de la vie militaire d’alors, en honneur aussi chez les Indiens, consistant à faire courir un soldat puni ou un prisonnier entre deux haies de soldats cherchant à le frapper
1-9-9 Martha, o ca 1773
1-9-10 Esther, o ca 1775
1-9-11 Francis, o ca 1777; capturé par les Indiens lors de l’attaque de la ferme familiale; refait peut-être surface: il y avait un «Frank Owry» qui tenait une scierie (saw-mill) dans la jeune Adamsville; bien sûr, cela ne nous donne pas l’état-civil de ce Frank Owry, mais j’aurais tendance à l’assimiler à notre «Francis», car le fonctionnement d’une scierie est un de ces métiers du bois qui étaient à la base de l’économie du Salm
1-9-12 Jacob, o ca 1778; tué le 6-5-1782 lors de l’attaque de la ferme familiale par les Indiens
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