table des matières, tome 1
AU TEMPS DES RATHSAMHAUSEN


       Parler des Rathsamhausen, c'est parler du château de la Roche, qui se dresse fièrement à Bellefosse.

       Quelle puissance ! Figurez vous que ce château appartient à un seul seigneur. C'est une arme qu'un seul homme, en une seule seconde, peut décider d'utiliser pour frapper. Cette unité de commandement contraste avec la division du château voisin de Schirmeck.

       Ce dernier, après avoir appartenu aux Comtes de Salm, est cédé en 1389 à trois nobles de Strasbourg qui le possèdent en commun. Le château de Schirmeck ne constitue plus, dès lors, un pouvoir militaire bien redoutable. On ne peut faire la guerre avec efficacité quand chaque décision requiert d'appliquer une sorte de règlement de co-propriété.

       A quoi sert donc une forteresse s'il est impossible de l'utiliser pour la guerre ?

       He bien, c'est une source de revenus. On y accueille des personnes qui demandent sa protection et la paient. A Schirmeck, les tarifs sont : pour un seigneur, 20 florins et 2 arbalètes ; pour un simple soldat : 5 florins et 1 arbalète.

       Des traités, intitulés Burgfrieden ("paix castrales"), prévoyaient d'ailleurs que la paix règne entre les différents copropriétaires, leurs valets, leurs hôtes et leurs sujets.

       Chaque co-propriétaire faisant ce qu'il veut de son lot, les Rathsamhausen, à partir de 1466, réussissent à plusieurs reprises à acheter des parts du château de Schirmeck. Le château voisin étant ainsi neutralisé, celui de la Roche est le vrai maître de la contrée.

       A sa puissance militaire, à son unité de commandement, ajoutons son emplacement bien moussé. Même après la destruction du château, Bellefosse restera protégée par son isolement. Durant le terrible 17ème siècle, qui vit la population du Ban passer de 1200 à 100 ou 200 habitants, l'on survivait fort bien à Bellefosse, au pied des ruines du schloss. Les familles y avaient 5, 6, 10 enfants, ils ne mouraient pas prématurément, et ils faisaient souche à leur tour. On peut dire que Bellefosse a en grande partie repeuplé le reste du Ban de la Roche.

       Bellefosse se garde bien de se prendre pour une haute ville, et cela lui réussit. Elle n'a même pas d'église à elle, et va prier à Belmont, Fouday, ou même, à certaines époques, à Saint Blaise.

       Les villages du Ban de la Roche font plutôt figure de hameaux : ils ont environ sept maisons chacun. Saint Blaise et Blancherupt n'ont pas encore été disjoints du Ban de la Roche. Les quelques paysans se partagent un nombre restreint de prénoms : Jean, Nicolas, Claude, Dimanche. Les noms de famille sont tout aussi restreints, puisqu'ils consistent souvent en le prénom du père. Pour la même raison, ils tournent entre les familles, Alors, on précise. On est Jean du Ru, que les notaires allemands du seigneur écrivent Schanduru. Ou Schandubo (Jean du Bosc). Ou Schanbémont (Jean, de Belmont).

       Les Rathsamhausen semblent relativement riches. Ils ont acheté, pour l'église de Belmont, un magnifique portrait du Christ couronné d'épines. Ils ont fait réaliser la ganguiole de bronze nommée Maria Magdalena, et peut être même une cloche d'argent. Surtout, ils ont pu prendre des parts dans le schloss voisin de Schirmeck, neutralisant ainsi une fière menace. Et, en 1371, ils achètent les villages de Saint-Blaise et Blancherupt à la famille d'Andlau.

       D'où tiennent-ils cet argent ? On peut faire toutes sortes de suppositions.

       D'abord, le château avait une ferme attenante, la métaierie du Bas Lachamp, qui devait rapporter des revenus. Ensuite, ils exploitaient peut-être déjà des mines. Le nom d'une mine de Belmont est significatif : filon Sainte-Elizabeth. Ce ne sont pas les Veldenz protestants qui l'ont baptisée ainsi. Il faut donc supposer que la mine date du temps des Rathsamhausen.

       Surtout, nous l'avons vu, la protection d'un château se monnayait au plus offrant. Sans compter les droits de douane, d'escorte, de conduite, prélevés sur les marchands et les voyageurs.

       En tous cas, la fortune les seigneurs de Rathsamhausen semble avoir impressionné, surtout à une époque où la noblesse locale s'appauvrissait. Aujourd'hui encore, on dit que leur trésor attend d'être découvert.



ELEMENTS GENEALOGIQUES
Les plus anciens noms du Ban de la Roche

Dans son livre Le Ban de la Roche au temps des seigneurs de Rathsamhausen et de Veldenz, Denis Leypold donne les plus anciens noms du Ban de la Roche.
Il s'agit des noms suivants :

Cités en 1382 à la Haute Goutte :
Robon, fils de Robon ; Henrich Seger ; Boeseh le vieux ; Obreht rot le vieux ; Obreht rot le jeune ; Buekelin
Aucun de ces noms ne ressemble à un nom moderne.

Les premiers noms d'apparence moderne à apparaître sont indiqués ci-après, mais l'attention est appelée sur les risques importants d'homonymie. En effet, jusqu'au 17 eme siècle, au Ban de la Roche, la notion de nom de famille ne se distingue guère du prénom du père, de la profession ou de l'adresse.

Cité en 1489:
Lang Heinrich ( = Grandgeorges ? ) (à Riangoutte)
Morre (Morel ?)
Colla (Colas ?)

Cité en 1502
Christman Maulersy (Malaisé ?)
Yegya Schmitt (Marchal ?)





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