En 1648, la paix de Westphalie a mis fin à la guerre des Suédois, mais les incursions de soldats ne cessent pas entièrement. En 1675, la guerre de Hollande éclate. Un jour, une bande de soldats maraudeurs, livrés semble-t-il à eux-mêmes, passe le Champ de feu, traverse Belmont et se dirige sur Waldersbach en pillant tout sur son passage. Le tocsin sonne dans toute la vallée. Cette fois-ci, l'esprit est à la résistance. Pas question de se laisser faire ! Il est vrai que le rapport de force n'est pas désespéré : une bande de maraudeurs, ce n'est quand même pas l'armée de l'Empereur ! Waldersbach se rassemble, bien décidée à défendre ses quelques biens. Bellefosse accourt, et pourtant, elle ne dégrille probablement pas trop pour elle-même : elle est à peu près sure que, comme d'habitude, les soudards ne sauront pas la trouver. Même la catholique Blancherupt vient à la rescousse, un geste de solidarité que, normalement les catholiques ne doivent aux hapolahs (et réciproquement) qu'en cas d'incendie ; la générosité de Blancherupt en cette occasion est allée très au delà de l'ordinaire, au point qu'on en parlait encore, dans les veillées, au temps de Léon Kommer ! La vallée, tous villages confondus, a donc pu réunir une force relativement conséquente, et en tous cas suffisante pour venir à bout d'une bande de maraudeurs. Celle-ci bat en retraire et retourne d'où elle vient. Le problème, c'est qu'elle vient de Belmont, du moins en dernier lieu. Et qu'elle est noire enragée quand elle y repasse ! Les villageois vont se mousser dans les buos. La bande surprend à Belmont Coulas Steffen (Nicolas Steff), qui est blessé à mort. Heureusement, Jeanne, la femme du Coulas, a pu emporter le poupon d'un an, une fillette prénommée elle aussi Jeanne. Ce n'est qu'au bout de six jours que les villageois osent sortir des bois. Et c'est pour découvrir que les soudards ont mis le feu à leur récolte. Encore une fois, il faudra, presque tout un an, manger ce qu'on trouve, des mousottes, des grenouilles, et toutes sortes d'herbes dont on sait mie si c'est du poison. Le village que découvrent les Bémons à leur retour est incendié, et le cadavre du pauvre Colas a chadé dans sa maison. La population de Belmont est à nouveau réduite presque à zéro. Les Verly et les familles alliées forment l'ossature des survivants. De plus, deux filles Neuviller arrivent de Bellefosse : Sara vient épouser David Banzet ; Mougeotte vient épouser Claude Claude. Les marcaires suisses deviennent donc une part importante de Belmont, que l'on appelle maintenant "la paroisse de langue allemande". Mais pas de famille Mathis à ma connaissance à Belmont, à cette époque (il y a bien une famille Grandmathis, mais à Neuviller) si bien qu'il est difficile de situer l'anecdote suivante (ce qui ne veut pas dire que c'est une fiafe : n'oublions pas qu'entre les noms effectivement portés par les villageois et ceux notés sur les protocoles, il y a de la marge ; Mathis est à l'origine un prénom, à savoir Mathieu ; donc, susceptible de s'appliquer à beaucoup) A nouveau, des garnissaires logent chez les Bémons, et à nouveau ils s'y rendent odieux, comme ce dragon qui logeait chez Mathis et chapardait les œufs de ses poules. Mathis l'assomme dans son sommeil, puis il emporte le cadavre non loin de Belmont, en haut du grand rocher que l'on appelle maintenant le Rocher du Dragon. Il fait rouler le cadavre en bas du rocher, puis il rentre dormir chez lui. Ni vu ni connu …
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