table des matières, tome 2
QU'EN PENSENT LES ANCETRES ?



       C'est la fête en ce jour du 20 novembre 1714 : l'Anne-Catherine Nassfinguer épouse le Jacques Loux.

       Le marié arbore au côté gauche une touffe de lauriers dorés et argentés et des flots en quantité. La mariée porte une noire cotte avec une large ceinture de soie et des bas écarlates, ainsi qu'une grande cape de flots , assez grande pour mousser entièrement ses tresses et tomber dans son dos comme un grand ru de toutes les couleurs. C'est splendide !

       L'on se rend au presbytère et l'on y prend le pasteur, à qui l'on offre un bouquet de romarin.

       Famille et amis sont tous là. On assiste à l'office, puis on fait la fête. Pour une fois, l'on mange bien : cochon, pâtés, choucroute, et des gâteaux spéciaux à trois pointes appelés des "conates".

       Mais à la fin de la journée, quand l'Anne-Catherine et le Jacques entendent se coucher, il y a un petit problème : le lit est entièrement enveloppé d'un grande pièce de toile. Pour y accéder, il faudrait l'enlever, mais les filles d'honneur montent la garde pour en interdire l'accès. Enfin, finalement, tout s'arrange, grâce à l'aide des garçons d'honneur.

       Que peuvent bien penser les ancêtres des mariés, là-haut, de ces réjouissances ? Est-ce que ça les a rendus moins sauvages d'être passés de l'autre côté ? Il faut l'espérer sinon, ils doivent faire un fier potin, car, lorsqu'ils étaient de notre monde, ils se sont bien déblamés les uns les autres, et même bien déchadés.

       Car maginez ouar que l'Anne-Catherine descend du ministre Nicolas Marmet, grand allumeur de bûchers devant l'Eternel, et que le marié est d'ascendance sorcière plus qu'il n'est permis de l'être, puisqu'il a dans son lignage des Neuviller, donc des Ringelsbach, donc des Georges, ainsi que des Marchal et des Milan. Pour tout arranger, le nom de Nafzinguer est anabaptiste …


Ascendance de (pedigree of) Jacques Loux

Première génération :

1 Loux Jacques, charpentier, o le 25 7 1689, + le 28 10 1766

Deuxième génération

2 Lux Benoit 3 Neuviller Catherine

Troisième génération

6 Neuviller Christian 7 Marchal Jeanne

Quatrième génération

12 Neuviller Joseph 13 Ringelsbach Anne
14 Marchal Georges 15 Muller (Milan) Mougeotte

Ascendance d'Anne-Catherine Nassfinguer

1 NAFFZINGUER Anne-Catherine, o le 3 10 1696 à Wildersbach ; + le 4 5 1767 à Solbach ; x le 20 11 1714 à Jacques LOUX (1689-1766, charpentier) ; d'où Barbe (mariée à Jean-Georges HISLER) et Marie (x à Benoit HISLER)
2 NAFZINGUER Christian o vers 1664 à Bern ( Suisse ) ; + 27 septembre 1744 à Wildersbach 67
3 MARMET Agnès , o le 5 3 1673 à Rothau, + le 25 2 1718 à Neuviller ; x le 29 9 1695 à Rothau
4 NAFZINGUER Jean
5 ?
6 MARMET Jean-Nicolas ; b le 9 2 1645 à Neuviller ; + le 27 3 1718 à Rothau ; maître tailleur ; x le 16 6 1670 à Rothau avec Anne SCHILT
7 Anne SCHILT o vers 1650 à Rothau + 9 décembre 1709
8 ? 9 ? 10 ? 11 ?
12 MARMET Nicolas
13 FASSMANN Esther
14 Jean SCHILT
15 ?


La famille Loux

Génération 1
Nicolas Loux, x Chrétienne Christmann, dont Jean

Génération 2
Jean, o 1660 à Solbach ; + 26 janvier 1737 à Fouday 67 Le Trouchy ; meunier au Trouchy et charpentier ; x 25 juillet 1682 à Fouday avec Catherine Steff, dont Didier, Jean-Michel, Benoit, Nicolas, Jeanne-Marie, Catherine, Odile

Génération 3
Loux Didier, o 30 avril 1685 à Fouday ; +22 décembre 1762 à Fouday
Loux Jean-Michel, o 26 septembre 1692 à Fouday
Loux Benoit, o 26 juin 1695 à Le Trouchy (Fouday) ; + 6 avril 1773 à Le Trouchy (Fouday)
Loux Nicolas o 28 décembre 1699 à Le Trouchy (Fouday)
Loux Jeanne-Marie o 11 janvier 1703 à Fouday (Le Trouchy)
Loux Catherine
Loux Odile

Autre lignée ?

Jean Loux, o 1er juin 1696, le Trouchy (hameau de Fouday), + le 5 novembre 1734, le Trouchy, xe 14 mai 1722, à Fouday, avec Suzanne SCHEIDECKER, (o le 4 juillet 1697, à Fouday, + le 17 juin 1783, à Fouday), dont :

Suzanne, o le 14 mars 1726, le Trouchy + le 5 août 1773, , le Trouchy, x 10 novembre 1744, à Belmont, Michel BANZET, (né le 15 janvier 1718, , Belmont, + le 7 mars 1750, le Trouchy) , dont :

Jean Nicolas BANZET, o le 25 décembre 1749, à Fouday, + le 14 décembre 1817, à Solbach, x le 17 mars 1789, à Waldersbach, 67130, BAS RHIN, France, avec Sophie SCHEPPLER, (o le 4 mars 1766, à Solbach, + le 29 août 1810) dont :

Catherine Condorde BANZET, 0 le 24 avril 1806, à Sohlbach, + le 3 janvier 1870, à Sohlbach, x le 5 juillet 1826, à Solbach Chrétien SOMMER (o le 7 juin 1797, à la ferme du Sommerhoff à Neuviller, + le 16 septembre 1861, à Breitenbach, 67220,), dont Caroline, Chrétien, Marie-Elizabeth, Frédéric-Chrétien, François-Louis, Catherine-Sophie, Joseph, Madeleine, Sophie)

Autre lignée

Génération 1

Lux Benoît, x Catherine Neuviller, dont :

Génération 2

Loux Jacques, o 25 juillet 1689 ; + 28 octobre 1766 à Solbach ; charpentier ; x 20 novembre 1714 à Neuviller la Roche avec Anne-Catherine Nassfinguer ; d'où Barbe et Marie

Génération 3

Barbe, o 16 juillet 1722 à Solbach ; + 18 janvier 1771 à Wildersbach ; x 23 août 1746 à Fouday avec Hisler Jean-Georges, d'où Hisler Jean-Martin

Marie, o 24 février 1726 à Solbach ; baptême : 28 février 1726 à Fouday ; + 9 septembre 1782 à Solbach ; 13 juin 1752 à Fouday avec Hisler Benoit ; d'où Hisler Jean-Jacques, Dimanchette, Clément, Didier.




ETHNOLOGIE

Mariage, jeux avec les enfants
(Dialogues en patois recueillis par Jérémie-Jacques Oberlin vers 1775
sauf la dernière, prise dans l'Essor n°174, article d'Arnold Kientzler)

Demande en mariage

- "Pou qué occâsion vos p'rzotèz-vos tot-ci ?
- Dje v'nos vêr, se vos nos v'lèz t'ni lis promesses, que vos nos âz fait, il n'y è três s'maines ?
- Sé dj'vos ons permis èque, il ast djeute, que dje vos lo t'neun'sses, il fât auyi vote demande.
- Dje vourîns savoû, se vos âz co d'èvis de d'nnè N. N. vote féille pou fomme è N. N. que vaci tot-ci, comme vos nos l'âz permis, i n'y é quèque tomps.
- Où ast-ce que vos âz ebbêye (invêye) d'lè mwonè (dè mwonè) ?
- Dj'ons dessein dè faire mwonè au moté, pou d'mandè lè bènèdiction de lieû mèrièdje.
- Dje vos lè botte ontre lis mains, & dje vos lè confêye comme in èfant de bin & d'(h)onneur. Que lo bwon Diû lis veille (v'leusse) d'nnè sè sainte bènèdiction.
- Dj'espèrons pwa lè grêce de Diû, quelle danré ène fomme de bin et d'(h)onneur".
-    "Pour quelle occasion vous vous présentez-vous par ici ?
-    Je venais voir si vous vouliez tenir les promesses que vous nous avez faites il y a trois semaines
-    Si je vous ai fait une promesse, il est de juste que je vous la tienne ; il faut ouïr votre demande
-    Je voudrais savoir si vous êtes encore d'avis de donner NN votre fille pour femme à NN que voici ici, comme vous nous l'avez promis il y a quelque temps
-    Ou est-ce que vous avez envie de les mener ?
-    J'ai dessein de les faire mener à l'église, pour demander la bénédiction de leur mariage
-    Je la remets entre vos mains, et je vous la confie comme une enfant de bien et d'honneur ; que le Bon Dieu leur veuille donner sa sainte bénédiction
-    J'espère, par la grâce de Dieu, qu'elle donnera une femme de bien et d'honneur"
Invitation au festin de mariage

Dj'v'lons vos dère pou quée occâsion, que dj'v'nons tot-ci; ç'ast N. N. & N. N. ont dessein d'faire bènîr lieu mèrièdje, mwâdi au moté de Vwahhterbès è onze (h)oûres do mètîn, & et ils vos prèyont tortus d'v'ni èvo zôs, pou prèyi pou lè bènèdiction de lieu mèrièdje, feus & feilles, vâlats & dom'halles, & èprès lo service ils vos învitont è lè djîne ètchîz Colitche N. N. èn'das lè djîne è lè mwaronde, èn'das lè mwaronde au soper, & tant que lis bîns d'Diû dur'ront, ils pwatèyeront èvo vos.

Je veux vous dire pour quelle occasion je viens par ici : c'est NN et NN qui ont dessein de faire bénir leur mariage, mardi, à l'église de Waldersbach, à onze heures du matin, et ils vous prient tous de venir avec eux, pour prier pour la bénédiction de leur mariage, fils et filles, valets et ? . Après le service, ils vous inviteront au dîner chez Colitche NN, du dîner au ? et du ? au souper, et, tant que les biens de Dieu dureront, ils partageront avec vous.

Se chante en faisant sauter un enfant sur ses genoux :
Fwârrez, fwârrez mo tch'vâ
Pou d'main, allè au sâ.
Fwârrez, fwârrez mo polain,
Pou d'main allè au bianc pain.
Lo pès, lo pès; lo trot; lo trot; lo guèlop, lo guèlop.
(Ferrez, ferrez mon cheval
Pour demain aller à la viande
Ferrez, ferrez mon poulain
Pour demain aller au blanc pain.
Au pas, au pas, au trop, au trop, au galop, au galop)
Une vision moins idéalisée du mariage
(chansonnette en patois de Wildersbach)

Ça les beyesses do pays qué s'mérian à l'age de quinze ans
Elles n'allant à moté tout en chantant, riant,
(la mère : "O m'n enfant, o m'n enfant, mon por enfant !")
Elles n'allant à moté tout en chantant, riant,
La mère va por derri, qué s'in vé en pleurant
C'est les filles du pays qui se marient à l'âge de quinze ans
Elles s'en vont à l'église tout en chantant, riant,
La mère les suit en pleurant





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