En 1771, Voyer d'Argenson vend le Ban de la Roche à Jean de Dietrich. Le nouveau seigneur est protestant, et c'est un savant minéralogiste qui va relancer efficacement l'activité minière. Les mines donnent du travail en abondance. Philippe-Frédéric de Dietrich, fils de Jean, en parle ainsi : "On occupe aux travaux du Ban de la Roche soixante mineurs, tant hommes que jeunes garçons qui servent à courir le chien et à tirer …" Une fois le minerai extrait, il faut le fondre. Voici comment Massenet, en 1798, dans sa Description du Ban de la Roche, décrit la forge de Rothau : "L'usine de Rothau consiste en un haut fourneau, une forge d'affinerie, un grand martinet à un feu et deux marteaux. Pour le roulement de cette forge, on emploie à peu près 100 bœufs , 75 chevaux et 300 ouvriers." Cent grébis, 75 chevaux et 300 ouvriers. Dans cet ordre ! La fabrique marche toujours au charbon de bois, ce qui occupe boquions et charbonniers, et le transport se fait par grébis et chevaux, ce qui donne du pain aux éleveurs, voituriers et maréchaux-ferrants. Le revers de la médaille, c'est que, comme chaque fois que l'économie du Ban de la Roche tourne à bon rendement, la déforestation bat son plein. Pas question de demander au seigneur de Diétrich d'utiliser moins de bois : l'idéologie du temps ne le permettrait pas, sans compter que la forge, c'est le pain des paroissiens, et qu'il ne serait guère indiqué de le leur enlever de la bouche, même pour leur permettre de continuer à avoir du feu. Alors, le pasteur Oberlin recherche tous les moyens d'économiser le combustible. Il donne l'exemple : lui-même, pour éviter d'avoir à allumer un second feu, fait cuire sa nourriture au-dessus des braises de l'âtre, au moyen d'un ingénieux système qu'il appelle un "potager". Et il réfléchit intensément aux moyens d'utiliser les fours de façon plus rationnelle. Il y en a trop. Ils sont trop grands et mal conduits. Oberlin va donc proposer à ses paroissiens de constituer une "Société des Fours". Il les conseille ainsi : "Chacun chauffe un four froid parce que chacun a le sien propre au lieu que, dans tous les endroits où les choses sont mieux arrangées, un seul four sert à plusieurs. Quand il est une fois chaud, on entretient la chaleur avec peu de bois. Essayez d'introduire cette bonne méthode parmi vous. Au commencement, vous rencontrerez des difficultés, mais peu à peu, avec de la constance, vous en viendrez à bout. Associez vous à six ou huit ménages, arrangez vous de façon que tous cuisent leur pain l'un après l'autre dans un même four. Chacun chauffera le four pour son pain, de son propre bois. Mais, comme celui qui le chauffera le premier consumera plus de bois que les suivants, il faudra que, la deuxième fois, un autre cuise le premier, et ainsi chacun à son tour."
|