table des matières, tome 3
QUAND LES FANTOMES ESSAIENT D'EVITER LES ACCIDENTS DU TRAVAIL



       Dans les premières années de leur installation au presbytère de Waldersbach, les Oberlin sont secondés par une servante particulièrement énergique. Il s'agit d'Anne-Catherine Gagnière, fille de l'Ancien de Bellefosse.

       La jeune femme a souvent affaire à des fantômes. Cela tombe bien : Oberlin lui aussi se passionne pour le sujet, et c'est de naissance. Depuis qu'il existe, il a entendu parler, dans sa famille, de cet oncle esprit fort qui est mort de peur en 1742 (Oberlin avait deux ans) à la suite de l'apparition d'un esprit.

       Voilà une chose qui ne risque pas d'arriver à Catherine. Les esprits, elle les mène à la baguette.

       Est-ce la mémoire des mineurs du Ban de la Roche qui s'est transmise jusqu'à elle ? On se souvient qu'ils estimaient qu'un esprit-gardien reculait quand on avançait fermement.

       C'est ce que fit Catherine, un jour, ou plutôt une nuit, de 1762. Elle se trouvait à la minuit à la pile du Bas Waldersbach, là où Catherine Morel avait été happée par la machine, tu t'en souviens, j'espère, cher lecteur.

       Donc, voici Catherine (Gagnière) en train de piler, en pleine nuit, comme si le mécanisme n'était déjà pas assez dangereux aux heures où l'on y voit clair.

       A travers un trou au-dessus de la porte, elle voit le visage d'un homme extrêmement pâle. Elle ouvre la porte. L'homme recule et diminue de grandeur : c'est donc un fantôme.

       Catherine le poursuit à coups de pierres tout le long du canal du moulin.

       Les anciens mineurs avaient coutume de dire que, lorsqu'on rencontrait un esprit, il fallait essayer de savoir s'il venait de Dieu. Dans l'affirmative, et s'il demandait quelque chose, il fallait le faire.

       L'énergique Catherine aurait probablement dû poser la question au fantôme avant de lui jeter des pierres. Qui sait ? C'était peut être le pasteur Reinbold venu la mettre en garde contre l'utilisation imprudente du moulin en général, et contre cette imprudence particulière qui consiste à faire marcher une dangereuse machine, en pleine nuit, alors qu'on est fatigué, et avec une lumière insuffisante.

       Catherine (Gagnière) n'ayant manifestement pas compris le message, c'est Catherine (Morel) qui lui délivre le deuxième avertissement : Catherine Gagnière entend gémir le fantôme alors qu'elle travaille avec une autre fille. Pour éviter que sa camarade ne quitte le travail en s'enfuyant, Catherine se place du côté de la pierre.

       C'est courageux, et Catherine le sait. Elle est particulièrement contente d'elle dans cette histoire où elle a le beau rôle. Et cela tombe bien car son maître, qui se passionne pour l'au-delà, recueille des histoires de fantômes et le rémunère même d'une piéçotte.

       Ce qui donne aux fantômes l'occasion d'une troisième mise en garde, celle-ci formulée dans les termes les plus clairs. Comme Catherine raconte ses aventures à la pile au pasteur Oberlin, celui-ci décide, si c'est possible, de découvrir l'identité des fantômes de la pile. Il se plonge dans ses registres et découvre les circonstances de la mort de Catherine Morel.

       Voici Catherine Gagnière enfin prévenue, en des termes dénués d'équivoque, du danger qu'il y a à se comporter n'importe comment avec une machine dangereuse. Et voici le pasteur Oberlin prévenu, par les registres de son confrère, que le travail, c'est bien, mais que cela nécessite parfois quelque prudence.

       Il ne semble pas que le message des fantômes ait été entendu et appliqué. Les esprits n'ayant pas de corps, ce sont toujours les humains qui ont le dernier mot. Cependant, au cas d'espèce, Catherine Morel et le pasteur Reinbold auront vraiment fait tout ce qu'ils pouvaient pour prévenir du danger.

       Si Catherine Gagnière n'a pas eu d'accident, c'est vraiment qu'il y a un Bon Dieu pour les inconscients.

       Et, si d'autres personnes ont eu un accident du travail à la pile, j'espère qu'on ne dira pas que c'est la faute aux mauvais esprits.


Spectra
(écrit par le pasteur Oberlin en 1774 ; publié dans l'Essor n 174)

"Il y a environ 12 ans que Anne-Catherine, la fille de Jean-Nicolas Gagnière, ancien de Bellefosse, se trouva avec une autre fille à la pile du Bas-Waldersbach. Ce fut environ à minuit qu'elle vit le visage d'un homme extrèmement pâle, qui regarda par un trou au dessus de la porte, et par conséquent trop haut pour un homme ordinaire.

La Gagnière, fille d'un courage qui est rare parmi les hommes même, et accoutumée à examiner tout à fond, avança vers la porte ouverte et vit les grandes jambes de cet homme posées sut terre et de telle sorte que, pour sortir, il lui aurait fallu paser à travers ces jambes.

Elle sortit cependant. L'homme recula et diminua en grandeur si subitement, qu'elle crut qu'il sautait ou tombait du haut en bas.

Il s'enfuit de devant elle. Elle ramassa quelques pierres et le poursuivit le long du canal du moulin, enfin voulant jeter (la pierre), elle ne le vit plus".

***

"Une autre fois, la même Anne-Catherine Gannière, se trouvant à la même pile avec une autre fille, elle entendit pleurer avec une voix de femme, longtemps, de sorte qu'elle craignit beaucoup que sa camarade, la venant aussi à entendre, ne quittât le travail en s'enfuyant. Pour cette raison, elle se tint continuellement du côté de la pierre où elle entendit les pleurs, et eut soin de faire rester l'autre fille de l'autre côté.

NB : L'année 1738, le 18 novembre, Catherine-Marguerite Morel, fille de Jean de Foudai et sœur de Madeleine et de Suzanne, avait demandé à Monsieur le ministre Reinbold où elle servit, d'oser aller piler du chanvre, et, en ayant enfin, à force de prières, obtenu la permission, elle s'embarassa dans les roues, et eut la tête écrasée dans la même pile. Elle était âgée de 28 ans."

***

Proche de la Croix Rouge, sur le chemin de Barr

"Il y a quatre ans que notre servante et alors conductrice de la jeunesse de Waldersbach, Anne-Catherine Gagnière, fille de Jean-Nicolas Gagnière, ancien de Bellefosse, alla à Barr pour acheter des étoffes pour des habits, dans la compagnie de Jeanne, née Becker, veuve de feu Jean Herzog de Belmont, et de quelques filles.

On part ordinairement de nuit pour être de bonne heure à Barr.

Quand elles vinrent à peu près proches dudit endroit, Catherine Gagnière, par hasard, alla avec une autre fille à quelques pas derrière le cheval sur lequel la veuve Anne Becker était montée.

Tout à coup, elles virent la dite veuve élevée en l'air au dessus de son cheval ; elles ne restèrent pas longtemps dans l'incertitude de ce qu'elles devaient croire, car elles entendirent Anne Becker se lamenter ; un moment après, elles la virent être tirée en bas du cheval et jetée rudement sur le chemin, et criant : "Mon Dieu, aie pitié de moi, le voilà qui m'a violemment tirée du cheval et jetée là."





ELEMENTS GENEALOGIQUES
Les familles Gannier-Gagnière

Les familles mentionnées ci après n'en font probablement qu'une,
mais il n'est pas possible d'établir plus de liens de parenté formels.

Famille de Jean-Michel Gannier

Génération 1 :
GAGNIER Jean-Michel, o vers 1625 à Ostheim (67 ), + après 1665 à Rothau, x à N. Barbe

Génération 2 :
GAGNIER Jean ( 1652 - 1694 ) ; Oberchef de justice à Rothau, aubergiste ; x à Anne Peck
GAGNIER Marie Salomé ( 1661 - 1736 ), x de Jean CLAUDE

Génération 3 :
(de Jean Gannier et Anne Peck)
GAGNIERE Pierre, o 1 janvier 1682 à Rothau, + 23 août 1728 à Neuviller la Roche (La Haute Goutte), x à MOREL Magdeleine ( 1674 - 1753 ) le 23 janvier 1703 à Rothau

GAGNIER Anne Barbe, o le janvier 1693 à Rothau , + le 30 novembre 1726 ; x WIEDEMANN Jean Georges ( 1683 - 1734 )

Génération 4 :
(de Pierre Gannier et Magdeleine Morel)
GANNIER Christmann ( 1707 - 1770 )
GAGNIERE George Adam ( 1713 - 1766)

Famille de Jean Gannier

GAGNIER Jean ( ? - 1673 )

Jean Gannier, mort à Rothau, y a fait l'objet d'un acte de décès un peu particulier de la part du pasteur Marmet : "Jean Gannier, cet apostat, perfide à son naturel prince et seigneur, tombé en maladie soudaine (… illisible), vainement amené sur un cheval de Nasville à Rote, y est mort (… illisible) en l'abrogation de notre religion."

Descendance de Jeanne GAGNIERE

(fille de Jean Gannier ?)
Noter les allers et retours entre des villages du Ban de la Roche (Rothau, Neuviller) et le village voisin, mais catholique, de Natzviller.
Génération 1
Jeanne GAGNIERE, mariée avec Jean HIERIG, dont Jeanne, o en 1646, à Neuviller la Roche, + le 24 janvier 1700, Natzwiller,67,Bas Rhin,Alsace,France,France
Génération 2
Jeanne HIERIG, mariée avec Jean Georges ZUCKER, dont Abraham, né le 16 août 1674, à Neuviller la Roche, décédé le 19 décembre 1727, à Natzwiller,67,Bas Rhin,Alsace,France,France (à l'âge de 53 ans). Génération 3
Abraham ZUCKER, marié le 16 mai 1705, à Villé,67, avec Madeleine THEITSCH, née à Villé, décédée le 8 mai 1736 à Natzwiller, dont Odile, née le 20 juin 1721, Natzwiller, , décédée le 14 février 1765, Natzwiller
Génération 4
Odile ZUCKER, mariée le 24 janvier 1746, à Rothau,67, France, avec Mathieu DIEM, né le 25 février 1721, Natzwiller, décédé le 14 novembre 1802, à Natzwiller.





ELEMENTS GENEALOGIQUES

Des Herzog de Belmont

Michel Herzog, o 16 JUI 1743 , Belmont ; + 30 AVR 1804, Belmont x le 13 octobre 1767, Belmont, avec Marie VALENTIN dont :

Rébecca Herzog, x Jean-Michel CLAUDE, dont :

Frédérique Léa Claude, o 7 FÉV 1803, Belmont, + 7 AVR 1871, Belmont ; x le 25 janvier 1826, Belmont, avec Joseph Emmanuel SCHEPPLER,






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