table des matières, tome 3
DEVELOPPEMENT DE LA GRANDE INDUSTRIE



       L'on se souvient que, dès avant la chute de l'empire, existaient la filature Muller de Schirmeck, et les établissements Wiedemann-Pramberger à Rothau. La chute de l'Empire provoque une crise, et Jonathan Wiedemann est obligé de céder son affaire à Mathieu Pramberger.

       Trois autres usines importantes se créent :
- à la Broque, une filature exploitée par Jean Malapert et John Heywood
- à Poutay, une filature créée par des Strasbourgeois
- à la Broque, un tissage exploité par John Heywood.
       Toutes ces usines utilisent l'énergie hydraulique.

       Puis, plus tard dans le siècle :

- à Rothau, une retorderie de coton exploitée par Charles Spach
- à Schirmeck, un tissage mécanique appartenant à la maison Malapert
- à la Haute Goutte, un tissage créé par Jean-Frédéric Jacquel, qui reste en même temps directeur de la maison Pramberger
- à la Claquette, la filature de Gédéon Marchal
- à Rothau, la filature de Charles Marchal
- a Wildersbach, le tissage de Jonathan Claude.
       Vers 1835, la veuve Pramberger, pour faire face à la concurrence, mécanise son tissage. Les tisserands à domicile qui travaillaient pour elle perdent leur gagne pain. Ceux qui étaient propriétaires de leur métier reprennent le chemin de Sainte-Marie aux Mines, comme autrefois, chargés dans un sens de la chaîne et de la trame, et dans l'autre sens du produit fini qu'ils viennent livrer. Sainte-Marie aux Mines continue d'utiliser des tisserands à domicile, car l'industrialisation n'y serait pas rentable : la vallée est en effet spécialisée dans des tissus fantaisie fabriqués en petite quantité, pour suivre la mode.

       Etant donné que toutes les usines fonctionnent à l'énergie hydraulique, les eaux de la Bruche finissent par être insuffisantes.

       Au Ban de la Roche, l'eau, c'est un peu comme le bois : la nature la donne à profusion ; les sources jaillissent partout, de même que les jeunes arbres. Mais cela n'empêche qu'il n'y en a quand même pas pour tout le monde. Car ils y en a qui se servent les premiers, sans rien laisser aux autres.

       En 1840, les industriels avaient rédigé entre eux un règlement général de l'eau, qu'ils ont soumis au Préfet. L'affaire a soulevé un tel tollé que le projet de règlement a été enterré, du moins au plan administratif car, sur le terrain, la construction de grands canaux et de bassins de retenue bat son plein.

       Les agriculteurs - et tout homme du peuple, à l'époque, est agriculteur même s'il est en même temps ouvrier- ne peuvent plus irriguer leurs champs. Il faudrait vivre des seuls salaires payés par les usines, mais ils sont insuffisants.

       Pendant ce temps, le Piercin, seigneur des diadelés du Ban de la Roche, arpente le pays avec stupéfaction.

       "Mo … o … on !"

       Mo … o …n !, c'est la moitié de "Mon Dieu !", une façon d'exprimer sa stupéfaction sans prononcer en vain le nom du Seigneur.

       Le Piercin regarde bête. Certes, il est toujours bon, pour un diadelé, de s'instruire au contact des hommes. Ces derniers ont toujours des neuves idées en matière de sauvagereille, et le diable qui négligerait de s'en inspirer serait vite dépassé. Mais là, Piercin reconnaît qu'il n'est plus dans le coup. L'avidité a pris des proportions qui le dépassent. Réussir à hopper toute l'eau d'un pays, il ne l'aurait pas cru possible.

       Tout à ses réflexions, il routche dans un bach et en sort tout déchtrepsé.



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