table des matières, Magique Pays de SALM

EPIDEMIE DE SORCELLERIE A CELLES SUR PLAINE



Situation générale

       Heureusement pour le pauvre monde, le Comte sauvage Philippe Othon était mauvais chrétien. Il se fit protestant en 1540, puis, à nouveau catholique en 1623, en échange du titre de Prince. La partie du Salm qui lui était échue lors du partage devint alors la principauté de Salm.

       Bien sur, il était aussi mauvais catholique qu'il avait été mauvais protestant. Il ne mit aucun zèle à poursuivre sorciers et sorcières. Le nombre de condamnations pour sorcellerie est minime, et le détail du procès montre souvent soit qu'il se passe dans la partie du Salm restée Comté, soit que l'accusé a des liens avec une seigneurie voisine qui est le véritable accusateur. Au même moment, les bûchers flambaient à qui mieux mieux, tant à l'est du Salm en Alsace qu'à l'ouest en Lorraine.

       Le village de Celles sur Plaine est partagé entre d'une part celui qui est encore, en 1609, le Comte Sauvage, et d'autre part le comte lorrain, qui est sans doute à l'origine de la procédure, puisque les exécutions ont lieu à Badonviller.

       A Celles, on trouve trace d'accusations dès 1601 : la femme de Curien Olry est punie d'une amende pour avoir traité de genost George Tabourin

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Alizon Chazelle et autres

       La première des accusées est Alizon Chazelles, veuve de Nicolas Chrétien (brûlée le 10 9 1609) ; elle dénonce Mougeatte, femme de Didier Tixerand (brûlée le 1-10-1609), ainsi que Zabey, femme à Jean Grégoire (bannie pour 12 ans) et Chrétienne, veuve de Grand Pierre, bannie à perpétuité.

       Chrétienne Grand Pierre s'indigne d'être "atrocement diffamée par l'innombrable témoignage de maléfices atroces à elle imputés par vingt et un témoins." Elle proteste de son innocence, mais cède finalement aux effets de la torture :

       "Mise sur l'échelle, liée et détirée par l'exécuteur de haute justice, où, étant, l'espace d'une demi-heure, y endurant peine et tourment grand, n'aurait pour cela voulu reconnaître qu'elle fût sorcière."

       Zabey Grégoire, soumise au terrible supplice de l'estrapade, résiste un bon quart d'heure avant de parler.

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Saulxures, mauvais village...

Le village de Saulxures est relativement important pour la région puisque, au recensement de 1634, on y dénombre 72 "habitants" (familles).

C'est sans doute une explication partielle au nombre élevé de sorciers et surtout de sorcières :
- 1601 : Etienne Bastien est exécuté à Badonviller
- 1616 : Catherine, femme à Mathieu Colas Simon
- 1617 : c'est le tour de Marguerite, femme de Nicolas Berger, maire de la ville (brûlée)
- 1617 : encore : Catherine, veuve de Demande Anné (brûlée)
- 1618 : Catherine, veuve de Noel Demange Thiriat (peut être la même que la précédente) (brûlée)
- 1618 : Jeannon la Maisonnatte, veuve de feu George Michiel (bannie)

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Fleuratte Cellerier

       Une autre affaire survient en 1611 : elle concerne Fleuratte, femme de Pierre Cellerier.

       Celle-ci se trouve en prison dans la nuit du 9 octobre 1611, quand elle est prise des douleurs de l'accouchement. Elle met au monde un enfant mort né et meurt à son tour.

       Quel scandale ! Les gens de justice de Badonviller son indignés. Ainsi donc, cette genaxe s'est imaginé qu'il suffisait de mourir pour n'avoir aucun compte à rendre ! C'est trop facile !

       Une seconde sentence est prononcée le 10 octobre, contre le cadavre :

       "L'accident de la mort ne devrait l'exempter totalement de la punition de ses démérites ; concluant et requérant que, pour réparation d'iceux, son corps soit condamné d'être mené par l'exécuteur de Haute Justice au lieu où l'on a coutume de supplicier les délinquants, et, là, de l'enterrer, comme indigne de sépulture chrétienne."

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Mémoire de la sorcellerie

       La mémoire de la sorcellerie est restée assez vive à Celles, où le sabbat des sorcières s'est identifié à la légende de la Ménie Hennequin. Celle-ci, à l'origine cortège aérien devient un rassemblement de sorciers et de diables sur le plancher des vaches et ne se distingue plus, au 19ème siècle, de la notion de sabbat.


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