La paroisse de Vipucelle constitue le principal ensemble humain du Salm. On y trouve le château éponyme (Salm), le village le plus peuplé (La Broque) et principal établissement industriel (les mines et les forges de Framont). La description qui nous en est faite en 1661 est des plus alarmante : "Déclaration et liste des lieux dependans du comté de Salm" (A.D.M.M., BJ. 2077 ; document du 30 juin 1661)
Il est vrai qu'il faut savoir lire les chiffres : tout d'abord ils concernent les seuls sujets du Comte et non ceux du Prince. Ensuite, comme toujours à l'époque, ils ne comptent que les "sujets", à l'exception des personnes trop notables pour payer l'impôt, des religieux, et même de cette population mobile (meuniers, fermiers seigneuriaux, mineurs) qui n'était pas considérée comme faisant partie de la communauté villageoise. De plus, il est constant, durant la guerre de Trente Ans, que ce sont les villages les plus accessibles et les plus importants qui ont été en première ligne des destructions de la soldatesque. Il n'empêche que ces chiffres alarmistes conservent quelque chose de surprenant. Tout d'abord, on s'étonne que les mines et les forges de Framont ne laissent pas davantage de traces dans le décompte de la population. Les mines ont subi des destructions, mais il reste un haut fourneau qui a été repris par Basile Mus en 1656 et qui, avant cela, fonctionnait déjà sous la direction de Christophe Marchal. Je sais bien que les mineurs ne font en principe pas partie de la population "officielle" d'un village, mais on devrait au moins y trouver des forgerons et tous ceux qui occupent des activités périphérique de charbonnage et voiturage. Le plus probable est que, s'ils ne sont pas dans le Ban de Salm, ils ne sont pas loin. Peut-être ont-ils préféré déménager pour des villages moins imposés. En tout, en 1678, quand les registres paroissiaux redeviennent disponibles, ils nous font voir une population non négligeable pour la paroisse de Vipucelle (dont le territoire est à peu près le même que celui du Ban de Salm ; nous avons dans un cas une dénomination religieuse, celle de paroisse ; et dans l'autre cas une dénomination politique, le "ban" étant le territoire soumis à un château ; mais les deux se recouvrent à peu près). Et il ne s'agit en général pas d'immigrés de la veille. A l'exception de quelques familles suisses, les habitants portent des noms qui n'ont rien d'exotique. |