SITUATION GENERALE

       Depuis le 7 août, la bataille d'investissement des cols vosgiens se déroule de manière positive, même si le baptême du feu est souvent délicat pour les troupes. Surtout lorsque l'on se trouve confronté à du gros calibre qui reste hors de portée de nos brillants, mais bien "légers" 75.
       Pour la petite partie des Vosges qui nous concerne, les cols de Saales et du Hantz sont pris, les chasseurs à pied enlèvent la ville de Saales le 12 et descendent la vallée de la Bruche vers Schirmeck.
       Dans la grande offensive rêvée de Joffre, toutes les troupes ont avancé à partir du 14. Badonviller est libéré, le massif du Donon est enlevé aux allemands, tandis que les régiments de la division de Montluçon faisant très certainement confiance en la doctrine de Grandmaison vont aller se faire hacher par les mitrailleuses, sans aucune préparation d'artillerie, devant Cirey sur Vezouze. Et surtout, personne ne songe encore à s'enterrer pour se maintenir sur le terrain si âprement disputé.

       La grande offensive en Lorraine va tourner en déroute après trois jours: on est allé jusqu'à... Sarrebourg, 20 pauvres kilomètres après la frontière. Et on va se faire reconduire très durement derrière une ligne Lunéville - St Dié
        Et Badonviller sera une seconde fois occupé, entraînant le départ d'une partie de la population, qui craint d'autres représailles.
       Les allemands vont sévir dans la vallée de la Plaine, marcher jusqu'à la Chipotte qui verra les premiers combats où chaque mètre de terrain vaut des centaines de vies. Enfin, suite à la contre-offensive de la Marne et au recul général des envahisseurs, Badonviller sera libéré, mais le front va demeurer plus de 4 années à moins de deux kilomètres des premières maison.





BADONVILLER et le reste de la guerre.

     Le 14 août, dans la poussée générale, l'Armée progresse en direction de la frontière et libère la ville. Ils font des prisonniers bavarois, dans un café... auxquels la population veut faire un mauvais sort. Le Maire, Mr Benoit, qui vient de perdre femme et maison, doit s'interposer. Les nouvelles graves allant très vite, il sera décoré de la Légion d'Honneur le 19, au nom du village, par le préfet, le sous-préfet, le député, comme si l'Etat tout entier reconnaissait une part de responsabilité dans le massacre.
     Le 22 Août, nouvelle qui fera le tour de la France, le premier Zeppelin est abattu "au cinquième coup de 75" par les pointeurs Gondouin et Colibert, de l'équipe mobile du 21è Corps, sous les ordres du Cdt Beaucourt.




     Le dirigeable va s'écraser à la Chapelotte, ce qui vaudra bien des soucis a Celles sur Plaine. Ce même jour, la belle offensive de Joffre prend fin et les troupes refluent, laissant Badonviller à nouveau aux allemands qui y entrent le 23.
     La population s'enfuit au 9/10è et bien leur en prend puisque les occupants font une razzia de tout ce qu'ils avaient oublié de prendre la première fois! Le maire, Mr Benoit, éprouvé, et parti avec la population, et c'est Mr Lejeal, percepteur qui administre la commune. Fin septembre, après encore une troisième occupation, Badonviller est définitivement libérée, avec le front situé à 1500 mètres pour 4 longues années.
     Le secteur restera calme jusqu'à fin février 1915 où commencent les combats de la Chapelotte, bataille destinée à nous assurer un point de vue sur les secteurs allemands. 2000 morts. Pour paraphraser Maurice Genevoix parlant des Eparges (Sous Verdun), nous pourrions dire:

"2000 morts par colline, 2000 collines jusqu'à Berlin".




     Une partie de la population demeure dans le village, sous les obus qui feront encore des victimes civiles, et il serait bon de se demander, pourquoi, si près du front (1200m au plus proche), des habitants ont-ils été ainsi maintenu, jusqu'à l'évacuation complète de 1918.
     Mr Schaudel énumère les bombardements, la distribution de masque à gaz, et le passage de personnalités importantes, comme Raymond Poincaré, président de la République, le 20 mars 1916, les généraux Berthelot, Franchet d'Esperey, Marchand (Fachoda).
     Le 21 février 1915, Emile Fournier est nommé à l'administration de la commune, les 20 août "fête" du 100è bombardement, et la guerre se poursuit par des coups de mains, des prises de prisonniers, l'arrivée le 9 février 1918 des premiers obus à gaz, et le 23 février les américains viennent relever les troupes dans les tranchées. Le premier officier américain sera tué dès le 5 mars avec 18 de ses hommes.
     Pour montrer à quel point les habitants tenaient à leur village, il n'est qu'à reprendre les dates fournies pour l'évacuation générale: conseillée le 27 janvier, commencée à partir du 16 mars, et terminée entièrement... le 30 juin 1918. Les autorités ont eu besoin de cinq mois pour évacuer moins de 300 personnes ! Peut-être pas tout à fait vosgiens, mais déjà bien têtus.



Ajout de document trouvés par Jean Pierre Cuny
dans le grenier de la maison familiale

Images de la guerre - cliquer pour agrandir


TROUPES AYANT COMBATTU A BADONVILLER

CORPS D'ARMEE
8 - 13 - 21

DIVISIONS D'INFANTERIE
7 - 12 - 17 - 21 - 38 - 41 - 42
42 - 47 - 61 - 62 - 71
76 - 77 - 128 - 170
4ème D.I. Marocaine
6ème Division de Cavalerie
10ème Division Coloniale
Chasseurs Cycliste de la 2ème Division de Cavalerie

INFANTERIE TERRITORIALE
33 - 52 - 54 - 115èmes Régiments

AMERICAINS
42 ET 72 I.D.