BADONVILLER

        Les hommes sont partis, mobilisés. Le décret signé le 31 juillet a entraîné le 1er août le placardage de milliers d'affiches dans toute la France. A 17 heures le tocsin a sonné dans les villages. Des millions d'hommes échangent leurs outils contre le fusil.

        En signe de bonne volonté, le gouvernement conserve nos troupes de couverture à 10 kilomètres des frontières, donc elles se trouvent aux environs du village.

Badonviller restera donc éternellement reconnaissant envers nos politiciens.
Mr Poincaré en tête.
Car, pour ne pas provoquer l'ennemi qui vient de nous déclarer la guerre,
nous allons laisser partout 10 km vides de troupes.
Et ces 10 km offerts aux bavarois vont leur permettre de semer meurtre et dévastation.

        Cultivateurs et ouvriers sont enrégimentés pour beaucoup dans les proches garnisons de bataillons de Chasseurs à Pied : Baccarat, Raon l'Etape, Lunéville, et vont donc devoir se battre en pays de connaissance, défendre LEUR maison et LEURS jardins.

        La vie du village s'organise, faite de femmes, d'enfants et de vieillards, de militaires des troupes régulières, auxquelles se joignent bientôt les mobilisés reconnaissable à leur uniforme neuf. Tout est problème, cuire le pain sans boulangers, moissonner sans bras ni chevaux qui ont été réquisitionnés, loger les troupes dans les granges, assurer l'approvisionnement.

        Avec toujours un oeil braqué à l'est, vers les forêts toutes proches d'où peut sortir, à tout moment, le "boche".


SITUATION GENERALE

Dans l'organigramme de l'armée française,
Badonviller est situé juste au point de jonction des 1ère (Gal DUBAIL) et 2ème (Gal CURIERES de CASTELNAU) armées.
Nous avons vu que dans le génial plan XVII du général en chef nous allions attaquer
à l'endroit où tout porte à croire que les allemands sont le mieux retranchés.

Le 4 août, les hommes sont habillés du célèbre pantalon rouge qui va servir de cible parfaite aux Mauser...
Joffre presse à la concentration des troupes pour attaquer au plus vite, mais, mauvais présage, ce sont les allemands qui frappent les premiers,
deux croiseurs bombardant les troupes à l'embarquement d'Algérie pour la métropole.

Le 5 août Joffre ordonne l'occupation des cols des Vosges.
Le 7 août, l'armée pénètre en Alsace, libère Mulhouse, et qui pavoise.
Mais comme personne n'a encore l'idée de tenir le terrain pris à l'ennemi, toute cette troupe va bientôt se voir reconduite sur ses bases de départ.